Textes des ateliers

Cette page permet aux écrivant-e-s des ateliers des mots de partager leur texte réalisé en atelier.

Merci de préciser en introduction : Le thème de l’atelier – la date.

Exemple : L’identité paysagère – 03 février 2023 ou Visa poétique – 03 mars 2023

78 commentaires pour “Textes des ateliers

  1. Atelier créatif sur le voyage. Prétexte et texte échange de mots et de personnage, 12 novembre
    2024.
    -Il ne tarde pas à faire nuit, le ressac s’évanouit sur les galets avec un petit murmure tel un son de cloches, qui me rappelle celles de l’église de Saint-Pierre-lès- Nemours, ces cloches sont si loin de la façade maritime où je me promène en ce mois de novembre.
    Les galets de rivage pourraient ressembler par leurs formes à toutes les cloches que nous avons entendues depuis notre venue au monde.
    Il fait une telle canicule aujourd’hui, je divague un peu : comparer des galets avec des cloches, mais oui leurs formes m’évoquent clochettes, cloches, carillons.
    Assise sur les galets, je m’imagine virevolter telle une petite abeille sur de belles cloches, clochettes ou carillons : « venez avec moi, partageons notre joie et notre bonheur.»
    Vous croyez faire un voyage, mais non c’est une mission !
    Repoussons le malheur et la bêtise.
    Toujours sous l’effet de cette atmosphère caniculaire, mon esprit imagine les abeilles laissant couler leur nectar sur les galets, chacun pouvant se régaler ainsi et être heureux pour un instant.
    .2- Un gardien de musée érudit et une patronne de restaurant.
    Comme chaque matin, Richard, le gardien de musée s’avance vers le lieu de son travail : le musée des bonheurs perdus.
    La patronne du restaurant ‘’ la casserole chaleureuse l’interpelle :
    – Bravo Richard, j’ai lu ce matin, dans notre petit journal local que ton texte a été choisi pour être gravé sur la façade du musée et repris dans la documentation de présentation. Tu es le 1er vainqueur du concours du village : « faites une action bienveillante pour le bien de notre petite communauté ».
    – Je l’adore : « chacun écrit une phrase et de là une belle émotion surgit . »
    La patronne du restaurant Léonie du restaurant rajuste son tablier :
    – Comme toi, Richard, mes recettes sont des vecteurs d’émotions et même pour ceux qui s’arrêtent et repartent en lisant juste le menu imprimé près de la porte de la salle de mon accueillant restaurant. Je suis sûre que gratin, moules marinières, teurgoule, huîtres de la baie, les auront fait saliver et voudront les cuisiner, pas nécessaire que ce soit les miens. La cuisine est là pour nous nourrir, mais aussi pour ressentir des émotions, comme quand j’éteins mon fourneau et que je me niche dans les bras de mon Martin adoré.
    – Dis-moi, Richard, le musée est fermé pour l’instant ; inondations, détournement de fonds, scandales, incompétence des dirigeants. Mais toi le musée, comment le vois-tu à la réouverture
    – Tu sais Charlotte, je voudrais qu’il change de nom terminé le musée des bonheurs perdus. Plutôt le musée du bonheur et du partage. Chaque visiteur y laisserait sa trace : un texte, une peinture, une recette pourquoi pas ?
    J’ai lu cette phrase récemment d’un poète : « Vous, qui survivez, dans cet univers si violent, venez, je vous invite à faire le tour du bord, sur un tapis volant ».
    – Et bien, moi, Richard, je vous invite dans mon musée à essaimer le bonheur, le partage, le bien.
    – Bravo, Richard, je souhaite que toute la terre vienne au musée et pour moi de nombreux clients qui viendront avant ou après la visite de cet endroit merveilleux.

  2. Atelier ludique du 12 novembre 2024 dédié au voyage – Prétexte et texte avec échange de mots et de personnages entre participants.

    Évasion d’un jour

    Partis du quartier réputé du Racou au sud d’Argelès-sur-Mer, nous marchons à présent depuis une bonne demi-heure, sous un soleil matinal, en longeant le bord de mer par le chemin balisé du littoral. Le voyage se passe ainsi, dans une succession de montées et de descentes, plus ou moins abruptes, nous offrant parfois, au détour d’un relief, une vue époustouflante sur des criques ou des plages de galets entre deux éperons rocheux.
    À gauche s’étend la mer immense sur laquelle tracent quelques voiliers qui ne tardent pas à s’éloigner. Sur la droite, des petites montagnes constituant le très beau Massif des Albères avec au loin le Pic du Canigou.
    L’espace d’un instant, et toutes proportions gardées, je nous imagine en sherpas, lourdement chargés, cheminant sur des pentes himalayennes. Nous sommes en quête de l’écho pénétrant d’un bol tibétain, le cliquetis de moulins à prières ou le claquement de fanions colorés. Mais ici, l’émotion est différente, en raison de la présence d’une végétation plus rustique sur un massif siliceux, dégageant les effluves mélangés d’olivier, de chêne-liège ou de lavande sauvage.
    J’ai hâte que nous arrivions au village prochain car la fatigue se fait sentir en raison de la succession des dénivelées et de la température qui augmente, l’une et l’autre puisant sur nos réserves. Lors d’une pause, nous croisons des jeunes qui étaient à l’arrêt pour se désaltérer. Tout en bas dans la crique, de plus jeunes encore se roulent dans les vaguelettes salées. Chacun cherche à sa façon à profiter de l’instant présent.
    Plus loin encore, alors que nous avons repris quelques forces, nous débouchons sur une plage très étendue dans laquelle séjourne une famille de volatiles, des canards en l’occurrence, pas farouches. Comme il est amusant de les voir se dandiner sur la surface instable des galets. Habitués sans doute par le passage régulier de randonneurs, ils n’hésitent pas à quémander un morceau de pain qu’ils essaiment un peu partout en voulant se l’approprier.
    Le soleil poursuit sa course pour atteindre le zénith. Enfin se dessinent les premiers remparts d’une ancienne forteresse qui sert depuis de nombreuses années de lieu d’entrainement aux commandos. Une cloche retentit au loin pour annoncer le milieu de la journée. Dans un réflexe conditionné, mon ventre me signale son envie que nous rejoignions le port de la cité pour déguster l’une de ces fameuses planchas.
    Contrairement aux idées reçues, on croit effectuer un seul voyage à la fois. Mais en réalité, il se présente sous de multiples aspects.
    Il prend place dans le parfum de la bougie locale très renommée, les relents aromatiques de la cuisine traditionnelle, le bruit des vagues inlassables roulant les galets mais aussi dans les accents chantants des riverains de ce paysage d’Occitanie. Tout cela se conjugue et bien d’autres choses encore, comme de découvrir les nombreux vignobles dont les alignements sur les pentes parfois escarpées nous laissent imaginer des saveurs éternelles.
    Oui, tout cela constitue une source inépuisable d’évasion.

    =O=

    La tourte de la vieille sorcière Marthe

    Assis avec ma compagne dans la petite salle de restaurant, nous profitons de la vue sur la terrasse par les baies vitrées grandes ouvertes donnant sur les quais bondés du port.
    La ville de Collioure possède un charme fou avec son Chateau Royal, ses remparts et ses différentes fortifications dont certaines disposées sur les collines environnantes, comme autant de tours de guet.
    La patronne Maria s’active devant son four à bois et sous l’effet ardent des braises. Elle dégouline à grosses gouttes. Mais elle supporte par habitude ces conditions de travail. Une sorte de torchon enveloppant ses cheveux poivre et sel, un tablier noué autour de sa taille aux contours généreux, elle se hâte de prendre les commandes qui affluent sans cesse.
    La carte offre la possibilité d’un véritable voyage comme sur un tapis volant. L’agneau catalan rivalise avec la fameuse cargolade et ses escargots grillés, le safran de Vallespir vient relever les sauces, les fromages issus des producteurs des Albères voisines tout autant que son assiette maraîchère aux artichauts de la Salanque. Collioure tient en partie sa réputation dans la qualité de ses plats à base poissons frais mais aussi de crustacés à la plancha ainsi que ses calamars et ses gambas.
    Devant une telle diversité nous voilà dans l’embarras du choix. Curieusement nous choisissons d’un commun accord de partir à la découverte de la Tourte de la vieille sorcière Marthe. À la réception de la commande, la patronne intriguée abandonne son foyer pour venir à notre rencontre. Très vite nous sympathisons et Maria nous en apprend davantage sur les origines de ce plat.
    Lors de l’acquisition du restaurant comprenant le four à bois et de nombreux ustensiles dont certains très anciens, la patronne met la main sur un vieux manuscrit laissé dans une malle oubliée dans les caves. À la lecture de l’ouvrage écrit en langue d’Oc et traduit par un historien et linguiste local, elle comprend qu’il s’agit de faits relatant de la période de l’inquisition et de la chasse aux Cathares.
    À l’époque, une femme de nom de Marthe, réside en ces lieux et bâtit sa renommée par la qualité de ses onguents. Certains des soins qu’elle prodigue procèderaient de la magie ou de l’alchimie. Mais très vite, cette notoriété lui attire certaines jalousies en la désignant comme sorcière à la vindicte populaire, car elle détient le pouvoir de réduire le feu et les fièvres. Alors elle finira brûlée vive après un jugement des plus expéditifs.
    Je voulais lui rendre hommage, nous dit-elle, en composant une tourte à base de fruits de mer relevée au safran et cuite au feu de bois. Ravie de notre choix, elle nous abandonne alors en retournant pleine d’ardeur vers la chaleur de sa cuisine.
    Nos muscles se relâchent enfin après la longue marche matinale qui nous a menés du Racou au sud d’Argelès-sur-Mer à Collioure par le chemin du littoral. Et pour marquer l’occasion si particulière nous décidons de trinquer à la mémoire de cette illustre sorcière et au bonheur de l’instant présent.
    Peu à peu, nous nous laissons envahir par le breuvage merveilleux, les parfums épicés et les émanations généreuses des produits de la mer. Nous voilà intimement persuadés que l’âme bienveillante de Marthe infuse partout autour de nous, comme si elle n’avait jamais quitté ces lieux.

    =O=

  3. Bonjour,
    Texte écrit lors de l’atelier ludique du 12 novembre. Corinne nous lit un texte, nous l’affiche à l’écran, l’on pioche des phrases à l’envie, et chacun se choisit un personnage et l’on en reçoit un. Nous devons continuer notre texte, dans le même lieu avec ces deux personnages et les phrases récoltées de la lecture ainsi que les premiers mots météo du début.
    Voilà un voyage qui restera gravé à vie dans mes souvenirs. Moi, l’auteure en manque d’inspiration, je m’étais réfugiée en cet endroit que je voulais inconnu pour les autres. Quel égoïsme ! Un repli pour moi seule. Je comprendrai et réaliserai ce que partage et découverte de l’autre veulent dire, à la fin de ce séjour, car il y aura une fin, c’est évident, mais quel vilain mot fin.
    Deux jours que je vivais en solitaire. Les autres femmes étant parties vers un autre temple, deux jours que je tournais en rond, sans rien écrire. Juste à vivre mes journées de contemplation lorsque j’entendis une voix douce, avec un léger accent, qui me demandait s’il était bien au Mont Salève. Je levai la tête et aperçu un homme à l’allure de randonneur. Il se présenta comme un habitant de nul part et originaire de partout. Nos journées s’égrainèrent à se raconter nos voyages comme si nous empruntions un tapis volant et racontant, décrivant les lieux qui nous ont marqué. Nos nuits, très courtes, à écrire, et ses récits si vivants débloquaient ma plume. Il écoutait avec toute la bienveillance des écossais des Highlands.
    Les jours suivants nous nous sommes donnés comme mission de repousser le malheur et les bêtises des hommes dans nos écrits. De rendre belle cette planète bleue, malgré ses prédictions et colère, avec comme mantra quotidien : « Vous qui survivez dans cet univers si violent, accordez-vous une pause, regardez le monde de plus haut, regardez ce que vous en faites !
    Je vous avoue qu’au retour dans mon quotidien, ma vie s’en est trouvée changée.

  4. Atelier du 14 octobre 2024 : thème du bruit

    Ce matin, comme du reste tous les autres, des roulettes couinent dans le couloir. Le personnel de la maison de retraite du Long Séjour, à pied d’œuvre, distribue les petits déjeuners et les médicaments.
    J’entends des portes qui s’ouvrent puis se referment. Dans l’intervalle, des voix parlent et se répondent avec force d’amabilités.
    — Bonjour Madame Hélène, bien dormi ?
    — Pas trop bien ! dit-elle encore la voix embrumée.
    Hélène réside en voisine de ma chambre.
    — J’ai claqué des dents toute la nuit. Et pourtant j’avais rangé mon dentier !
    Elle ne manque pas d’humour ma voisine. Toujours une réflexion lumineuse.
    — Et là, mes articulations me font souffrir. Elles grincent. Ajoute-t-elle encore.
    — Ça va aller Mme Hélène. Venez vous asseoir. Le thé vous réchauffera.

    Oui, c’est comme cela chaque matinée, avec des hauts et des bas. Allez savoir pourquoi. Parfois des cris traversent les cloisons. Des pleurs aussi. Des flatulences également. Difficile de les ignorer. Elles se manifestent par un pulsar, du fin fond de nos boyaux, et envahissent le paysage sonore de la résidence avec parfois quelques modulations stridentes. À nos âges, ça se bouscule pas mal. Parait-il qu’il s’agît de notre deuxième cerveau. S’entendre penser à ce point, a de quoi nous faire rire.

    Mais trêve d’humour débridé. Je saute dans mon fauteuil roulant qui comme moi grince un peu. Passage dans la salle d’eau pour un coup de gant de toilette sur la figure puis un coup de peigne et j’adresse un sourire complice à mon autre moi-même dans le miroir. Après ce moment de frais, je file direct dans le petit salon au milieu du couloir. Juste à temps pour profiter des premiers rayons du soleil.
    Des mots jaillissent de l’écran mural de télévision en paroles et en bandeaux défilants. Ces informations s’avèrent rarement intéressantes mais elles génèrent quand même plus de raffut qu’autre chose. Toutefois, j’aime bien savoir ce qu’il se passe dans le monde. Et puis il y a des bruits qui me font sentir moins seul.
    Amina pose mon plateau à ma table du salon en me laissant un sourire et quelques gélules de couleurs à prendre. J’aime beaucoup ce moment, à me perdre dans les effluves du café, le croquant du pain grillé et le bruit de la cuillère qui touille dans le liquide brûlant. Me voilà en quête de récupérer un morceau qui échappe de mes doigts engourdis par l’arthrose.
    Me voilà pêcheur à la ligne.

    Nous voici donc le premier vendredi du mois.
    À l’instant, je me souviens que l’EHPAD organise un repas à thème et en l’occurrence, la guinguette. Du bruit en perspective. Dérapage de fauteuils roulants sur un air d’accordéon ou de valse musette. Je ne sais si les quelques rares valides se risqueront à défier la piste au milieu des rythmes endiablés d’une contrebasse et d’un violon sur le tango de Violetta.
    Mon regard s’égare un instant dans le patio de la résidence. J’entrevois un lien avec ma réflexion précédente car un mât se dresse en plein milieu. Et cela met une tout autre ambiance. Car à son sommet se balancent des sortes de pelotes de laine très colorées, comme des trophées à conquérir en pays de Cocagne.
    Alors happé par un désir irrépressible, j’enfile le couloir et me présente devant l’ascenseur. À la vitesse de la lumière, j’exagère à peine, me voilà rendu au rez-de-chaussée. Du personnel s’active déjà dans la grande salle pour dresser le banquet, en alignant d’un même tenant, tables et chaises. À cette seule occasion, nous nous retrouvons à déjeuner tous ensemble. Imaginez-vous un instant, au départ des 24 heures du Mans, dans nos véhicules rutilants et grinçants, à roues et à roulettes, parfaitement alignés.

    Je me dirige maintenant vers le patio.
    Le soleil vient haler ma peau bien trop blanche. Une brise légère caresse mes rares cheveux et se joue des pompons de laine colorée, tout là-haut enlacés. J’observe la scène et je me surprends à partir en voyage vers une lointaine lamaserie. Je visualise en songe des moulins à prières qui tournent au rythme des mains qui les caressent. Des fanions, des bougies et des parfums d’encens se mélangent et ajoutent à l’ambiance générale, aux bruits des pas traînants des pèlerins qui s’égrènent en colonnes interminables.

    Me voilà de retour de voyage, plein de baume au cœur. Des nuages blancs sur le fond bleu de ciel me ramène à l’instant présent. Le soleil investit toute la cour et ma vieille carcasse vibre de plaisir. Je sens que cette journée nous offrira de belles harmonies.

    Et j’espère secrètement que l’on gardera, dans notre résidence, ce mât aux flocons colorés, en guise de merveilleux et éternel porte-bonheur.

    =O=

  5. Bonjour,
    voici un petit texte écrit lors de l’atelier en visio de Corinne lundi 14 octobre
    que voyez-vous en hors de cette photo ? avec une phrase imposée ainsi qu’un mot reçu d’un participant.
    Bonne lecture,
    Aujourd’hui une belle journée s’annonce. Les guerres ont cessé, enfin ! Yallah Les bruits des canons et leurs sifflements ont déchiré et assourdi nos oreilles pour la dernière fois. Le pimpon des klaxons annonce les fanfares des environs et elles sont nombreuses au rendez-vous pour célébrer comme il se doit cet événement pour le peu tant espéré mais inattendu. Chacun y va de son instrument de musique de fortune pour faire le plus grand tintamarre de tous les temps et faire exploser sa joie. S’il y a des bruits qui font se sentir seul, je vous assure qu’il n’en est rien en ce jour.
    Personne ne reste dans son coin. Un vrai capharnaüm d’ambiance. Chacun souffle dans son instrument en préludes aux belles sonorités des fanfares. Même Louise participe à la fête, des couvercles de cuisine en guise de cymbales, sa mère équipée de casseroles et de louches se prend avec fierté pour les tambours du Bronx et met tout son cœur pour sortir un semblant de musique. Un tel ramdam fait grincer des dents le vieux voisin grincheux mais ses jérémiades sont couvertes par le quartet formé spontanément par Gilles et les triplés armés de tambourins. Une telle déflagration de joie, de bonheur indicible rendrait sourd tous les habitants. Les marchands de canons sont priés de reconvertir les usines en fabrique de médicament ou autres besoins indispensables à la survie des peuples.
    Oye, oye ! Qu’on se le dise ! Ce jour-là est à marquer dans les annales. Faites du bruit ! Dans tout ce brouhaha, un homme essaie d’annoncer un grand bal ainsi qu’un concours de zumba pour le soir même, et tous les suivants jusqu’à plus personne sur la piste.
    Les différents pompons multicolores hissés au mat deviendront désormais les couleurs d’un même drapeau unique pour toutes les nations.
    Yallah !

  6. Sur une phrase de Faïza Ben-Réhouma « Septembre a le goût d’encre et de papier »
    Atelier virtuel 10 septembre

    Êtes-vous prête ? Notre papa s’impatiente devant sa femme et ses 3 filles. Il fait si chaud en ce mois d’avril. J’ai soudain un doute, ce départ en voiture si laborieux n’est-il pas en août ?
    Parce que souvent à ce moment de l’année avril a le goût de l’incertitude :
    Avril a déjà de belles journées chaudes ou un 24 heures glacial dont on a laissé une trace avec une photo prise lors d’une sortie culturelle le manteau d’hiver déboutonné qui laisse apparaître une jolie jupe fleurie et un bonnet pas assorti, car au dernier moment on a ouvert la porte, saisie dans le garde -robe, le 1 Er couvre -chef qui nous caressait la main.
    Nous allons faire 200km dans notre Peugeot 404 bleu-marine nommée Pétronille sous une chaude journée d’avril pour rendre visite à notre grand -mère que nous n’avons pas vue durant tous ses mois qui ont le goût de la soupe, des gratins, des nuits longues.
    Ma sœur a décidé pour ce voyage de porter une robe d’été très colorée et fleurie dont le tissu rappelait les robes des actrices des films des réalisateurs de la nouvelle vague. Sa robe me faisait m’évader par ses fleurs chatoyantes avec des formes qui seraient dans des jardins paradisiaques ailleurs que dans le jardin de mes parents où en ce mois plein de promesses florales, la nature a le goût du renouveau.
    Ce doux souvenir s’est rappelé à ma mémoire et je suis contente de vous le raconter avant que ma mémoire s’effiloche et l’écrire quel plaisir !

  7. Atelier du 16 avril 2024 – Alitération et excipit.
    Regards vers le ciel

    « Lire le livre sur les loups sous la lune, me fait fondre en larmes »
    (Reprise d’une phrase d’une participante de l’atelier virtuel avril 2024)
    Que d’émotions ce lundi, j’ai vu l’éclipse. J’imagine si le groupe de Corinne avait été avec moi pour voir ce phénomène Christine L aurait clamé : « L’étincelle d’étoiles exerce son essence sur l’émotion solaire de l’être étonné. »
    Étonnée je l’ai été, un peu paniquée aussi peur que le soleil se cache derrière la lune plus longtemps : « Vous me faîtes tant de reproches, je suis si gentil. » Mais le soleil et la lune ont repris leur rôle respectif dans le vaste univers.
    Maintenant le soir est tombé, je reprends la lecture de mon livre sur les loups.
    Ça suffit de choisir et de lire des livres sur la faune de la forêt ; les loups, les marmottes, les oiseaux.
    Assez de ce blanc de l’hiver où les loups hurlent sauvagement, les marmottes se faufilent entre les pierres
    Au bout de mon jardin, il y a la forêt. Mon prochain centre d’intérêt sera les arbres car pour guérir les blessures de la vie, entourer un arbre c’est ce qu’il y a de mieux pour guérir nos blessures intérieures.
    Au lieu de me rendre à la pharmacie de la gare, je mets mes chaussures de randonnées, mon chapeau, je prends ma bouteille de chasse -moustique, des fruits secs, et mets de la crème solaire sur le visage et les bras et direction la forêt, une bonne promenade, il n’y a rien de mieux.
    Avant ma période de lecture sur la faune forestière, j’avais repris la lecture de Marcel Proust et je me souviens d’une phrase qui prouve qu’une promenade en forêt est le meilleur des remèdes.
    « Et puis vous, ne laissez pas frapper par ces bêtises de médecins que diable ! Ce sont des ânes : vous vous portez comme le Pont Neuf. Vous nous enterrez tous ! »
    Avant de partir, je détache Trikiki., mon âne qui lui aussi part en balade avec moi, il n’est pas content que Marcel Proust parle des ânes de manière peu élogieuse. Promets -moi, Christine, Proust tu l’abandonnes ! Choisis Stevenson c’est mieux « Voyage avec un âne dans les Cévennes »
    Eux, ils en ont croisé des arbres.
    .
    Texte de Christine Parent

    1. Je veux bien la recette de la  » bouteille de chasse-moustique « .
      Ici, dès qu’ils reviennent, ils se passent la consigne entre eux voyant en moi un bon client. Dès lors ils arrivent dare-dare et font de mes sorties une  » mortelle randonnée « .

      1. Mais non Jean -Michel, les moustiques viennent te voir pour te murmurer : » » Écris-nous une aventure, comme les si beaux textes, que tu fais aux ateliers virtuels de Corinne «  ». Bel été à toi et aux participants et( tes) des ateliers virtuels mensuels et que les mots vous accompagnent dans vos découvertes et joies estivales pas juste les moustiques.

  8. Atelier ludique du 16 avril 2024
    Thème : Corinne nous lit un texte, nous l’affiche à l’écran, l’on pioche des phrases à l’envie, et chacun reçoit trois mots de la même lettre, l’on reçoit également d’une autre personne une couleur, une odeur, un son, un objet. Corinne nous donne l’excipit de l’histoire à écrire avec tout cela.
    ***
    Les mots imposés : Coordonner, Chocolat, Crayons, Jaune, Bois coupé, Tic-tac de l’horloge, gâteau.
    ***
    Excipit : Remettre du bois dans le fourneau ou faire une nouvelle fois l’inventaire des ingrédients.
    ***
    Phrases piochées : Essai culinaire, sortir enfin de sa cuisine pour se relaxer, finalement je ne sais rien faire d’autre que cuisiner ou pâtisser, Pour que tout soit consommé pour que je me sente moins seule, il me reste à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine.
    Incipit : démarrer avec une des phrases faites au début…

    Attention, les angoisses autour ou avant les ateliers s’atténue et sont accompagnées par d’amicales pensées bienveillantes, mais savent-ils tous le défi que je reçois aujourd’hui ? Coordonner chocolat et crayon lors d’un atelier cuisine.
    Je ne sais par où commencer. Je panique. Si bien sûr, déjà remettre du bois dans le fourneau. L’odeur du bois coupé circule dans la pièce et bientôt sera remplacé par celle de mon plat.
    Dans ma tête, une chanson s’invite, je crois que c’est celle d’un film repris d’un conte où l’actrice énumère les ingrédients avant de préparer son gâteau. Je fais également l’inventaire, c’est la bonne méthode.
    Voyons voir, oui j’ai tout ce qu’il me faut, y compris le crayon, que je taillerais suivant la quantité souhaitée de poivre de cinq baies. Juste relever le goût.
    Le tic-tac de l’horloge me crispe. Je voudrais l’arrêter, la réduire à rien. Le son m’exaspère et m’empêche de me concentrer.
    Faire fondre le chocolat noir 70% au bain-marie, avec une goutte de jus de mandarine, le mélanger aux jaunes battus énergiquement. Puis monter les blancs en neige jusqu’à ce qu’ils tiennent sans tomber dans le récipient jaune. Incorporer l’appareil précèdent délicatement, très délicatement.
    Zut, j’ai oublié de tailler mon crayon poivré, à la première étape, dans mon chocolat fondu. Je le fais de suite pour réparer mon erreur et me voilà de nouveau angoissée, j’en mets trop ! Je m’en rends compte ! C’est perdu d’avance. J’assume et je continue mon moelleux au chocolat, le gâteau préféré du magistrat.
    Cet essai culinaire se traduit par un échec. Je dépose dans le four quelques instants et minuteur en main je sors enfin de cette cuisine éphémère pour me relaxer.
    Et je comprends que je ne sais rien faire d’autre que cuisiner. Mes travaux d’intérêt général seront transformés en peine pure et dure, et pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seule, il me reste à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine. (L’étranger d’Albert Camus)

    1. Voilà encore une recette extraordinaire, avec des ingrédients qui ne le sont pas moins.
      Cet appareil donne envie de pâtisser davantage ses propres écrits pour les rendre aussi savoureux que ce moëlleux au chocolat.

  9. Atelier du 16 avril 2024 – Alitération et excipit.

    Un Nautilus en guerre contre des boutons

    Assis sur le bord de la jetée, alors que le soleil apprenait à nager sur la ligne d’horizon, je respirais à pleins poumons les embruns iodés.
    Dans le petit port, de rares voiliers sommeillaient en attendant les retours de l’été et des vacanciers. Ils avaient comme locataires braillards des colonies de mouettes qui tapissaient allègrement de leurs fientes, vergues et accastillages, passe-avant et maître bau. À cette heure tardive, le bleu de la mer entrait en concurrence avec des roses et des orangés qui donnaient aux derniers nuages blancs, des formes de personnages ou d’animaux colorés.
    Alors, sans que je comprenne ce qu’il advenait vraiment, je vis sortir des flots tourmentés et argentés par la marée montante, l’étrave non pas d’un navire mais d’un sous-marin. De suite, il m’inspira une grande émotion en lisant sur ses flancs ruisselants : « Nautilus ». J’étais évidemment à vingt mille lieues d’une telle rencontre. Je me revis en un instant, plongé dans mes lectures d’adolescent d’un auteur génial qui m’entraînait hors les murs de ma chambre.
    Reprenant contact avec la réalité, je me cachais alors, le long du parapet de la digue, en voyant surgir à la passerelle, des matelots équipés d’appareils portatifs de communication. Sans doute avaient-ils des difficultés techniques à transmettre en plongée périscopique. Comme nous étions en avril, l’idée saugrenue d’un poisson vint effleurer mon imaginaire débridé. J’avais alors capté dans le soir tombant, une bribe de phrase qui, pour moi, n’avait aucun sens.

    « Nouvelle nuit sans notre Nautilus pour dénouer les nageoires de Némo ! »

    C’était certain.
    Ce message ne pouvait être que codé.

    La nuit prenait à présent place et la mer renvoyait aux étoiles ses éclats étincelants. Les mouettes s’endormaient paisiblement, collées les unes aux autres. Et la brise me chuchotait qu’il était temps de partir mais j’étais trop intrigué par ce visiteur du soir. Il me fallait des réponses aux nombreuses interrogations qui m’assaillaient de toutes parts.
    Comme un message émanant des cieux, une comète traversa la Voie Lactée, laissant dans son sillage une signature éphémère. Alors, sur la passerelle du monstre d’acier, surgit l’officier de quart. Et sa voix nasillarde envahit la pénombre, laissant une phrase sibylline en suspens qui dérouterait encore davantage mon esprit surchauffé, pour de nombreux jours à venir.

    « Dire que, quand nous serons grands, nous serons peut-être aussi bêtes qu’eux ! »

  10. Cv d’un personnage, utilisation citation, et emploi du mot grâce, de mots et contextes des participants de ce moment d’écriture ludique et créatif. 11 mars 2024.
    De grâce regarder et toucher chaque jour, un tronc d’arbre
    Édouard se souvenait de la conversation avec son ami Valentin, qu’il avait rencontré par hasard à Lyon, proche d’un nouveau lieu à la mode Food Traboule. Il s’y rendait pour déguster un plat de quenelles avant son exil transatlantique. Il y avait rencontré son ami Valentin qui partait prochainement faire le tour du monde en Van, son amie Brigitte lui avait conseillé de déguster avant de prendre la route des plats gratinés de bons fromages type gruyères ou beaufort. Son équipement de baroudeur motorisé sera des plus rudimentaires pour faire de délicieux gratins juste assez pour la finalité de son voyage c’est-à-dire un livre de recettes sur les plats gratinés des contrées montagneuses du monde. Encore une idée de Brigitte qui savait qu’il adorait avoir du fromage filant hors de sa bouche, entre ses dents.
    Édouard et Valentin se sont donné rendez-vous dans quelques mois, en Californie près de San Francisco. Valentin y écrirait le chapitre sur les gratins végétariens et Édouard pourrait écrire un article sur la guérison par l’enlacement des troncs d’arbres , mais avant ces retrouvailles, chacun allait terminer ses obligations : Valentin, son contrat de déneigeur en Savoie , qui finalement s’achever par quelques jours de chômage, son patron le libère de son contrat temporaire prématurément, car la neige manque sur les routes de Savoie dû au réchauffement climatique.
    Édouard reprenait l’avion, pour terminer d’ici juin, sa résidence d’écriture à la librairie Albertine de New-York. Il avait conseillé à Valentin de passer par le Canada, le Québec en particulier pour aller peut-être pourvoir vendre ses services de déneigeur là-bas, mais sa tante Christine, lui avait dit que presque toute la neige avait fondu. Pas d’échappatoire, Valentin devra se consacrer à la rédaction de son livre en goûtant et testant les fromages qui gratinent le mieux.
    « Ma solitude est plus une grâce qu’une malédiction » Christian Bobin,
    Édouard a lu cette citation ce matin. Il marche dans la ville au milieu des gratte-ciel. Il vient juste de se lever de la table du salon de thé « A la Grâce fondante et délicieuse ». Pensant au document à présenter à la fin de sa résidence d’écriture, il manque un peu d’inspiration pour le chapitre 12. Il se dit « de grâce, laissez -moi rejoindre la forêt que j’aime tant »
    Il aurait envie de contacter le chamelier qu’il a rencontré lors de son dernier voyage dans le désert pour qu’Il lui rappelle la façon de regarder le si beau ciel étoilé du désert et surtout lui redemander ses connaissances pour se repérer dans un espace inconnu, malgré qu’ Il lui ait donné l’impression d’être un homme fort généreux, les indications données lui ont semblé bien flous , pleins d’incertitudes et de mensonges :tant pis l’instant était si beau . Le chamelier avait peut-être lui aussi la tête ailleurs, dans les étoiles.
    Grâce à un article de presse, il a vu à son retour à Lyon, que le chamelier qu’il avait comme guide et compagnon rêver de participer à une course de chameau qui consistait à amener à destination des amphores contenant de l’huile d’olive maturée au soleil.
    Refermant son ordinateur, il regarde autour de lui : « je tiens le contenu de mon chapitre 12. »
    – « je souhaite me rendre à l’endroit où les arbres touchent le ciel, où les arbres sont comme des amphores bien rangées, si serrées que seule une grue mécanique immense, mais d’apparence l’ oiseau qui se prénomme grue, grand échassier peuplant les étangs des jardins japonais, pourrait soulever les arbres et les mettre où la nature n’est plus . »
    – « La nature chavire, de grâce arrêtons ce massacre. »
    Édouard se prend la tête entre ses mains et tremble.
    « Je pars de suite voir les séquoias et une idée fuse de mon esprit »
    Les amphores du chamelier lui ont donné une idée, fini le plastique.
    « Je vais concevoir des amphores faites de terre des forêts que je visite, pour conserver des aliments. »
    Je m’appelle Édouard Larbre, l’homme aux cheveux roux.

    1. Je me suis permise d’emprunter un des personnages d’un texte d’une participante talentueuse
      qu’ ‘est Brigitte. Je suis tombée en amour avec ton personnage de notre atelier d’écriture créative et j’ai toute de suite senti une affinité avec mon Edouard, lors de la révision pour le mettre sur le site , j’ai pris possession de Valentin, pour lui faire vivre une aventure rédigée de ma main. Mais Je précise que Valentin est né de la plume de Brigitte.

    2. Une version écologiste et novatrice d’écrire sa Légende en transportant des amphores d’huile d’olive, à dos de chameau, dans le désert, tout en cherchant à s’orienter sous les étoiles. L’alchimie est totale, Les arbres touchent le ciel et puisent leur inspiration dans l’esprit lumineux de Christine dont les cheveux roux flottent avec grâce dans le vent de l’aventure.

  11. Atelier ludique du 11 mars 2024 – CI d’un personnage, grâce, phrase emprunté d »un auteur

    Indy et l’Amphore Sereine

    Indiana Jones, de son surnom Indy, somnolait dans son rocking-chair. La chaleur de l’été assommait les hommes et les bêtes. Les mouches assoiffées cherchaient la moindre goutte de sueur pour se désaltérer.
    Alors une idée vint se frayer un passage dans l’esprit embrumé du vieil homme et malgré ses quatre-vingt-dix ans, il fut surpris que son cerveau fonctionnât encore aussi bien.
    La tablette incrustée d’une écriture fine d’origine minoenne avait enfin livré son secret. Il posa avec une grâce fébrile l’objet précieux sur le guéridon en osier et se déplia, tant bien que mal. En s’étirant, il entendit ses articulations craquer.
    — Bon sang, j’me fais vieux ! Mais ce n’est pas ça qui va m’arrêter.
    Indy entra dans sa maison en bousculant les portes doubles et fonça en claudiquant vers son bureau. Ses rhumatismes le faisaient souffrir et surtout sa vue, limitée par la perte d’un œil, lui faisait heurter le moindre mobilier.
    — Où j’vous ai mis ? J’t’en foutrai ! Aaah ! Vous voilà, mes amis, dit-il apaisé.
    D’une vieille valise de cuir rouge, il sortit son chapeau en cuir et son fouet en nerf de bœuf qui dormaient là depuis bien trop longtemps. Ces objets avaient fait sa réputation d’aventurier et surtout l’admiration de ses élèves pour ses cours d’archéologie.*

    Il n’avait plus une minute à perdre.
    Réunissant quelques instruments, une boussole, des jumelles, un carnet de textes et de croquis et ainsi harnaché, il enfourcha sa bicyclette pour se rendre à la gare de Long Island. Il réglerait les détails au fur et à mesure.
    Il lui fallait retrouver cette Amphore Sereine. On la disait perdue en Méditerranée mais le texte inscrit sur la tablette affirmait une tout autre histoire. Il devrait descendre au plus profond du Grand Palais de Knossos et se perdre dans le dédale du Labyrinthe, depuis longtemps déserté par le Minotaure.
    La légende disait qu’au fond de l’amphore dormait un élixir de jouvence. Et pour celui qui en prendrait une simple goutte, la transformation serait immédiate. D’un coup, il aurait la force rude et la grâce superbe. Il déracinerait un roc mais épargnerait un brin d’herbe.

    Dans le train de banlieue qui rejoignait Manhattan, sous une nuit trop chaude et étoilée, bercé par le swing des boggies, le vieil Indiana Jones s’endormit. Avec une certaine grâce et cependant quelques ronflements, du reste fort peu appréciés de ses compagnons de voyage, il rêvait sans doute d’une éternelle jeunesse.

    1. Merci pour ce beau texte, lors de ma prochaine escapade à New York, je te promets de regarder si je croise Indy avec dans ses bras l’AMPHORE SEREINE, appuyée sur son visage de baroudeur.

  12. Christine A, atelier ludique du 11 mars 2024
    Le thème du printemps des poètes 2024 est : la grâce.
    Voici mon texte :
    « Sous un arbre, à l’orée d’une clairière, il a la force rude et la grâce superbe. Il déracine un roc. (1) Il pense que la solitude est plus une grâce qu’une malédiction. (2)
    A trente-trois ans, l’âge auquel le Christ a succombé sur la croix, Carlo reste songeur. Touché par la grâce, il reste là, bouche-bée face à Édouard le roux.
    Ce matin, en quittant Pise, il se disait qu’il se sécherait au soleil dans cette forêt de chênes rouvres. Il s’assoupirait sans doute en rêvant de voler comme cet aigle aperçu hier dans la Maremme. Cet aigle roux lui aussi lui prêterait sa vue aiguisée. Alors Carlo ne verrait plus le monde avec ce regard flou de myope mais avec cette fulgurante acuité qui brûle ou éteint tout ce qu’elle touche. Carlo préfère fermer les yeux et baigner dans cette chaude torpeur d’une après-midi toscane.
    Charles le roux s’assoit à ses côtés et se délecte de la part du gâteau aux carottes qu’il a soigneusement emballée ce matin. Il se prend lui aussi à rêver en regardant les arbres qui l’entourent. (3). »

    1) Victor Hugo – Au peuple – Au bord de l’océan.
    2) Christian Bobin – La grâce de solitude.
    3) Christine P. – ce soir à l’atelier des mots

  13. 15 Février 2024 atelier sur le thème de la nuit : Un musicien entre dans la nuit

    Ma reconversion en compagnie d’Urus mon compagnon canin

    Loin des théâtres et des scènes, le musicien peu doué se fait déposer à la nuit tombante avec son chien Urus. Il s’extirpe de la voiture à conduite automne bleu nuit qui l’a conduit ici en rase campagne.
    – ‘’ Enfin, je me délivre de mon personnage grossier que le chef d’orchestre du groupe de rock ‘’ Nuit au champagne ‘’ me faisait endosser en jouant de la guitare que personne n’entendait et n’appréciait, car les musiciens membres de ce mauvais groupe hurlaient et jouaient tellement mal ‘’

    Il regarde Urus et se penche pour le caresser affectueusement.
    -‘’ Jamais je ne me suis intégré à ce groupe nul ‘’

    Il regarde au loin la bâtisse en arc de cercle, il y a du brouillard, la nuit est froide, il distingue en avançant sur les feuilles de chèvrefeuille le long de la route de petits glaçons givrés en forme de clés de sols et de clés de fa.
    – ‘’Voilà un bon présage, n’est-ce pas Urus ?’’,
    Avançant d’un bon pas, il poursuit son monologue avec son compagnon canin.

    ‘’ J’ai toute la nuit pour devenir un musicien qui jouera avec élégance du clavecin. Je deviendrai un musicien amoureux de son instrument, nous ne ferons qu’un. Je pourrais jouer entre chien et loup, avec à mes pieds, mon petit Urus, de douces partitions célébrant la fin du jour qui est le prélude au temps de repos.’’
    – ‘’ Magali, ma tendre amie m’a donné l’itinéraire de la maison de ce professeur de musique qui convertit les rockeurs, nouveaux pollueurs sonores des quartiers si densément peuplés. Après une classe de maître nocturne appelé Solfège bleu Nuit sur un lit de fougères entouré d’Iris bleu intense, on devient un médiateur de sons bienveillants.’’
    Voici comment le musicien peu doué se métamorphose en un un musicien talentueux :
    – ‘’ Ni peur ni reproche pour le choix de mon nouveau moyen d’expression qui font raisonner de doux sons aux oreilles de mon petit Urus’’.
    texte Christine P.

  14. Inspirées par les mots des unes et des autres et quelques phrases tirées de textes extraits de (2) et (3) Corinne nous invite à écrire un texte.

    Une longue nuit outre-mer s’offre à lui. Ranu Roa est un jeune musicien pascuan. Il délivre des messages dans la langue Rapa Nui aux moaïs qui semblent marcher au bord du trou. Il entend gronder. Ce sont les pierres qui se détachent des années. Ces années de lutte entre ces deux peuples au départ unis mais qui, dans cette lutte intestine, se déchirent, se délivrent de ces rites grossiers, barbares, primitifs. Ceux-ci usent les yeux des conquérants sans peur et sans reproche, fiers d’une civilisation qui marche au bord du trou, à deux pas de l’effondrement. Qui sont ces voleurs de trésors dans cette nuit pure d’un ciel austral illuminé par ces myriades d’étoiles brillant avec élégance ? Pourquoi viennent-t-ils rompre le silence de cette plage sur laquelle je marche ? J’ai peur de ma peur, ma peur du noir, ma peur de la plume noire que je trempe dans l’encre de la nuit.

    2) Comme un oiseau dans la tête – René Cadou
    3) Le bruit de la liberté – Frédérique Germanaud

    Christine A.
    le 15 février 2024

  15. Atelier ludique du 15/02/24
    Thème : Un musicien dans ses errances nocturnes
    Un musicien sort de l’école de musique en clapant la porte, à en faire trembler tous les murs du bâtiment. Il était si sûr de lui ! Pourtant le jury a décrété qu’il n’était pas doué, voir grossier dans son interprétation.
    Il marche longtemps, donnant des coups de pieds dans sur tout ce qui se trouvent sur son passage, les cailloux, les canettes de cola, les bornes incendies, et même un chat a volé sur quelques mètres.
    Il entend, marche au bord du trou du néant qui est dans sa tête à l’instant T.
    Quelques jours auparavant, il déambulait, dans les rayonnages de la médiathèque, à la recherche de partition. Lui qui pensait interpréter cette musique comme des mots veloutés, à la façon d’une belle mosaïque. Comme un noctambule, entre chien et loup, par cette nuit de clair de lune dorée, il entend gronder au loin les vagues se jetant sur les rochers.
    Notre musicien se dirige vers cette plage et sort son saxo de son étui. Il délivre d’un seul coup des notes chaudes et enjouées, dans une musicalité impeccable. Il joue pour la nature, pour rien, sans stress, sans peur et sans reproche. Durant des heures il souffle dans son instrument qui le trahissait quelques heures auparavant.
    Epuisé, il s’écroule sur le sable, avec pour témoin d’entrée dans son sommeil, des bestioles mal identifiées mais terrifiantes qui lui font peur, et qui viennent lui grignoter le bout des orteils.
    Dans cette profondeur céleste, bercé par le bruit adoucit des vagues, il s’endort avec pour compagnie le peuple de la nuit.

  16. Les voeux de Brigitte écrits en atelier d’écriture en visio – janvier 2024
    Eclosion de projets en 2024 pour remplir le vide du temps en le zébrant de jaune tournesol à cueillir dans les champs, à emporter tout colorés dans le secret de son chez soi pour embraser les murs étroits, les repousser, dedans dehors, frontière de mots où s’allonger pour franchir les saisons, graines en germination, dans toutes les directions, cœur fragile bien ventilé.
    3/ Présentation d’un almanach ancien romantique ? description pour chaque mois. Choisir un mois, et marier son texte avec éclore et jaune tournesol.
    Septembre. Partir quand tout le monde rentre. La maison de brique que nous avons louée est entourée de tournesols, un flamboiement de lumière qui s’unit à la nuit dans une danse folle. Nous pourrions nous perdre dans ces champs qui déclinent à l’infini la teinte jaune. Un océan fleuri sans aucun bleu. Se noyer dans du jaune, c’est possible ça ? Nous partons à l’aventure dans cette blondeur ambrée, les tiges épuisées de soleil nous invitent au repos, une sieste pas très sage. Puis nous chaloupons entre les épis farfelus dans une randonnée de rires, la joie pour seul esquif. Nous volons quelques graines, musique éclose à nos lèvres. Les pétales dorés embrasent nos cheveux. Une musaraigne adipeuse rompt le charme de l’instant en filant sous nos pieds. Nous rentrons ensemble main dans la main, en rêvant déjà de froid et de neige.

  17. Atelier ludique du 9 janvier 2024 – Voeux, couleurs et silence

    À l’encre bleu pastel

    Dans le silence feutré de la nuit étoilée,
    Je formule à l’encre bleu pastel,
    Des vœux pour que la violence cesse.
    Par trop présente durant ces temps écoulés,
    Qu’elle disparaisse en cette nouvelle année.

    Dans le silence feutré de la nuit étoilée,
    Je formule à l’encre bleu pastel,
    Que tous se réunissent et partagent
    Ce qu’ils ont de plus précieux,
    Des mots d’amour, de tendresse et d’amitié.

    Dans le silence feutré de la nuit étoilée,
    Je formule instamment le souhait ,
    Que brûle ma bougie au ton bleu pastel
    Afin qu’elle irradie et inonde le monde
    De sa douce et merveilleuse poésie.

    Source d’inspiration
    Francis Cabrel – « Les bougies fondues »
    youtu.be/D9odcNmIkfs?si=IeLUHHeAQmy0ajQE

  18. Atelier du 9 janvier 2024

    Mes vœux pour 2024 (avec pour contrainte ni « a » ni « b »

    Nouvelle ère : surtout joie et douceur pour toutes et tous.
    Signé le félin griffu.

    Corinne MAZUIR nous précise que la couleur de l’année 2024 est peluche de pèche.
    Moi je choisis pour mon année 2024 d’honorer le vert amande.
    Je choisis la carte « 41 » de l’Oracle des énergies positives d’Aude MILESI : le silence.

    Insérer l’image de la carte.

    Un silence vert amande

    2024 est-t-elle pour moi l’année du silence ?
    Écouter, toujours être à l’écoute des mots, des maux des autres, de ces humains en souffrance dans le silence d’un cœur meurtri que si peu d’êtres autour d’eux ne perçoivent. Des mots vert amande pour dire je t’aime La Vie, je t’aime Ma Vie.
    Je suis là. J’existe toute en couleurs et en silences. Regardez-moi dans les yeux. Ne regardez pas au loin le navire ou l’avion long courrier qui vous transporte vers des horizons vert amande irisés d’un soleil qui dans cette grisaille ambiante nous fait défaut.
    Soyez là, présents, vivants, attentifs aux autres. La vie est si fragile, le temps si précieux. Fermez la porte à l’indifférence !

    Christine A.
    le 9 janvier 2024

  19. Atelier sur le thème de la Peur et des phobies – Atelier ludique du 12 Octobre 2023
    ANTIDAEPHOBIE, Texte long.
    Une rencontre qui guérit
    Je suis dans le jardin, je coupe mes vivaces, je ramasse des feuilles, au loin j’entends les canards qui volent vers le sud formant un V dans le ciel. Leur passage là-haut, est un signe pour annoncer à tous : « Fuyez l’hiver comme nous et sa fausse blancheur réconfortante ».
    Derrière mon agastache, je vois deux yeux qui m’observent. Mes genoux tremblent, je me sens défaillir, ma tête tourne.
    – Vite mon sécateur, où est -il, ah jardinière stupide que je suis !
    Je l’ai abandonné à dix mètres de là dans les rosiers, les yeux me regardent toujours. Je suis pétrifiée mon sac de feuilles à côté de moi. Je recule d’un pas pour me cacher derrière.
    J’étais si fière de moi aujourd’hui. Suite à une conversation fructueuse, Brigitte a décidé de rédiger un guide sur les plus belles vues panoramiques accessibles en ascenseur à Lyon et dans le Lyonnais. Catherine a décidé d’investir temps et argent dans une usine de pansements avec motif d’escaliers mobiles imprimées sur ceux-ci de façon artistique.
    J’aide ces deux connaissances dans leur projet et d’autres m’attendent en ce moment. Mais, voilà panique, je suis comme une statue de pierre, j’airai besoin de Gribouille, l’âne héros du livre « l’Âne de Schubert » d’Andy Merrifield qui comme l’écrit l’auteur « Au moment où nous l’atteignons un âne solitaire apparait : il sort par une porte latérale d’un bond ou presque ».
    Je tâte dans ma poche un bout de chocolat, le reste d’une gâterie cachée promptement dans ma poche de peur de dévoiler ma gourmandise à tous, mais voilà mon antidote à partager avec ce canard qui soi-disant terrorise, c’est juste ma phobie, il semble si mignon avec ses yeux, plein de larmes, il semble aussi apeuré que moi.
    « Coin, coin, sors de là » Le voilà que ce canard perdu s’approche de moi. Nous partageons notre petit carré de chocolat.
    « Peux-tu me ramener vers la rivière pour trouver mon chemin vers le sud ?»
    Je ravale ma salive, courage, grâce à mon petit bout de chocolat de la marque HUARD, je me rends jusqu’à la rivière pour accompagner mon nouvel ami, ce charmant petit caneton. Il me dit que l’an prochain, avant de regagner le territoire de la tribu Innu, il s’arrêtera chez moi pour me faire mon vaccin ANTIDAEPHOBIE 22 c’est-à-dire me saluer en cognant avec son bec doucement à ma fenêtre.
    Rassuré, le caneton prend de l’élan en se dandinant pour s’envoler sur mon gazon vers des contrées plus chaudes. Je me sens si réconfortée et heureuse d’être guérie de mon antidaephobie.

  20. Sur le Thème des « petits riens » – Atelier ludique du 15 novembre 2023

    Des nouilles à la maison de retraite

    Jeannine et Valentine font le service pour le repas du soir à l’EHPAD.

    — Non mais t’as vu ce qui est sorti de sa bouche ?
    — Non j’n’ai pas regardé, j’étais déjà dans la chambre d’à-côté chez Monsieur Marcel.
    — Je n’ai jamais vu un truc pareil ! J’ai assisté à un dégobillage de nouilles.
    — Tu exagères !
    — J’t’assures. Mais là je n’en peux plus. Je vais rendre mon tablier.
    — T’en fais des tonnes. Allez calme-toi !
    — Oui mais c’est moi qui vais devoir encore tout nettoyer. Et puis, elle n’est plus toute jeune, la Mélanie. Elle va sur ses quatre-vingt-dix ans.
    — Pourtant tu l’aimes bien, non ?
    — Oui c’est vrai qu’elle est gentille, toujours le sourire. Elle aime bien blaguer. Dans un carnet, elle recense les perles de l’administration fiscale. Tiens écoute bien celle-là. « Nous avons bien pris note que vos enfants restent dans l’assiette de leur père et non dans la vôtre. »
    — Ah, oui ! Elle est bien celle-là. D’autant que c’est de circonstance. Madame Mélanie n’est pas trop dans son assiette, je trouve.
    — Oui comme tu dis. Bon, allez, je vais m’occuper d’elle. Tu veux bien poursuivre le service.
    — T’inquiète, j’me charge des autres pensionnaires.

    Valentine s’éloigne dans le couloir avec son chariot et ses plateaux-repas tandis que Jeannine s’introduit dans la chambre de la vieille dame.

    — Alors, on a du mal à digérer ?
    — Oui, j’ai une nouille qui a fait une pirouette dans ma gorge.
    — Ça va aller. Je vais essuyer tout cela.
    — Je suis désolé.
    — Ce n’est pas grave. Parlons d’autre chose.
    — Si vous voulez.
    — C’est bientôt le réveillon ! Vous avez prévu quelque chose. Vos enfants et vos petits-enfants vont-ils vous rendre visite ?
    — Écoutez. J’espère. J’ai prévu un petit cadeau pour chacun. Un petit chausse-pied avec un joli ruban de couleur autour pour leur permettre de surmonter les tracas de la vie.
    — Oh mais quelle bonne idée ! Si vous voulez, je vous aiderai à faire les paquets.
    — Comme c’est gentil. Je rends mes nouilles et vous, vous voulez m’aider. Je vous aime bien Mademoiselle Jeannine.
    — Je vous aime bien aussi, Madame Mélanie.

    =O=

  21. Sur le thème de la Peur et des phobies – Atelier ludique du 12 Octobre 2023 texte court.
    ANTIDAEPHOBIE

    Je me suis cousue avec mon dé à coudre rose un manteau rose pour aller à la soiréede Cécile sur le thème d’Harry Potter. En fin de soirée, des boucliers seront distribués pour lutter contre Antidaephobie.
    Avec Brigitte et Linda, elles aussi, participantes à cette soirée thérapeutique, je dois prendre l’ascenseur pour nous rendre toutes de roses vêtues, à l’Insectarium où Jean -Michel, près du ruisseau fleuri, aura les antidotes contre l’antidaéphobie.
    Que d’efforts faits, se vêtir de roses, prendre l’ascenseur, rencontrer beaucoup de personnes, partager nos peurs en discutant. Merci, Jean-Michel pour l’antidote et le bon chocolat chaud.
    En regardant les oiseaux au bord du ruisseau fleuri, cet endroit est magique, il nous a enfin guéri de cette étrange phobie.

    1. Merci Christine pour ce joli conte en cette période festive.
      Tiens ! Je vais me refaire un bon chocolat chaud.
      Comme je ne suis pas encore atteint de la xocolatophobie, autant en profiter.
      Vivement le calendrier de l’Avent.

  22. Sur le thème de la Peur et des phobies – Atelier ludique du 12 Octobre 2023

    La guérison

    Depuis des années, je souffrais d’un mal ou plutôt d’une hantise contre laquelle il m’était difficile de lutter,  » la peur qu’un canard m’observe « .

    Aussi avais-je depuis longtemps déserté les parcs naturels, les étendues d’eau et même mes promenades le long de la Marne qui bordait Saint-Maur-des-Fossés. Je refusais tout autant d’apparaître en photo dès lors que ce volatile rusé cherchait à poser en arrière-plan.
    Dans le moindre restaurant asiatique, je luttais pour qu’on ne me servît pas la bête laquée dans son bain de miel, ou bien en tranche ou en magret. Et à la maison, il n’entrait nullement dans mes listes d’achats au rayon volailles ni même à celui des surgelés.
    Au fils des années, j’acquis de telles angoisses que d’entendre le mot canard pouvait me déclencher un véritable œdème de Quincke. Impossible de lire la presse non plus où l’on se plaisait à vouloir enchaîner la bête dans d’horribles et réalistes caricatures.
    Si l’on m’offrait un digestif, je refusais de tremper un morceau de sucre dans le délicieux breuvage au risque de plonger dans les affres tourmentées par la peur de voir surgir de mon verre ou du goulot de la bouteille une cane, un caneton ou un canardeau.
    Comme vous pourrez le constater, cette phobie dépassait l’entendement.
    Elle me plongeait dans d’horribles tourments. Je refusais de déambuler à proximité d’un plan d’eau, passe encore, mais aussi de répondre à la moindre invitation. Que ce soit au restaurant ou dans une salle de cinéma, je me sentais cernés par les quatre coins de la pièce.

    Cependant, le jour arriva où l’on vint évoquer à mes oreilles une variété de palmipède ou doux patronyme de Mandarin. Il faut avouer que l’animal paraissait si beau et son apparence le distinguait d’un banal colvert, d’un tadorne ou d’une oie bernache au port altier et à la démarche chaloupée. À l’évocation de son nom à consonance sinise, je me dis, par association d’idée, qu’il serait judicieux de prendre le prochain vol vers des îles indonésiennes comme celle de Bali.
    Des recherches sur ces contrées me permirent de découvrir qu’un sage vivait dans le coin. Ah quel horrible mot ! Comment ai-je pu l’écrire ? Rien que de le relire, et le voilà qui résonne pervers dans ma tête. Il fallait que je rencontre ce personnage très vite car il pourrait sans doute m’aider, en me poussant fort vers la voie de la guérison.
    Sa notoriété dépassait les frontières car il se disait de lui qu’il pouvait libérer quiconque de la moindre de ses phobies. Une fois sur place, après un voyage interminable à surfer sur les nuages, tel un Nils Holgersson, je lui rendis visite dès mon arrivée ou plutôt quand il daigna accéder à ma demande. Bien qu’à l’usage, je découvris des enseignements des plus surprenants, je pus progressivement échapper à ces peurs irrépressibles et les associations que j’établissais avec ce volatile, à la simple vue d’une orange, de miel, d’un morceau de sucre, d’un journal ou de l’angle d’une pièce.

    ¹Je rentrai de nuit à mon bungalow, me concentrant sur la route pour éviter les nombreux balinais roulant tous feux éteints… Je rejoignis le bord de mer. La lune montante baignait ma plage dans une atmosphère reposante. Personne…
    Je me déshabillai complètement et entrai nu dans l’eau tiède… Je pris une grande bouffée d’air et pénétrai l’eau en plongeant doucement en canard vers le fond sans que rien ne vienne troubler mes perceptions et réveille mes angoisses.

    Sans doute étais-je guéri !

    ¹ Passage emprunté à Laurent Gounelle dans  » L’homme qui voulait être heureux « .

    1. Que ces ateliers de Corinne sont agréables ! Un sujet et notre plume se déclenche mais également écouter avec attention et bienveillance la lecture des textes des autres écrivants, un vrai bonheur, merci Jean-Michel pour la relecture de ce beau texte.

      1. Merci à toi Catherine.
        La présence de tous les écrivants agit comme un feu de bois. Même en visio, ce mélange de tous les mots qui nous viennent, entraine chacun de nous sur des chemins d’écriture extraordinaires et inexplorés, dans un pays imaginaire où les pensées trouvent un terrain de jeux, d’esprits et de lettres formidable.
        Alice n’a qu’à bien se tenir !

  23. La peur – atelier du 12 Octobre 2023
    Ecrire un texte à la façon de Maupassant sur la peur du canard : Un canard est en train de vous observer. (trente minutes)
    La petite Louise n’aime pas aller en vacances chez sa grand-mère paternelle.
    La dernière fois, elle s’est fait courser par un canard. Que dis-je ! Le canard de la ferme qui s’était proclamé lui-même Chef de la basse-cour.
    Coincoin, c’est son nom, l’a vu arriver dès le premier jour, cette gamine de la ville, de la grande ville même avec ses airs de pimbêche. On ne la lui fait pas !
    Et Coincoin décida de la surveiller de près et aussi de loin.
    La petite vacancière, elle, avait peur de tous les animaux de la ferme. Les poules, les coqs, les oies, les dindons mais en particulier ce canard qui ne la quittait pas des yeux et se déplaçait en même temps qu’elle en la fixant si effrontément qu’elle en avait vraiment la trouille.
    Les jours suivants les choses ne s’améliorèrent pas. Le chef de la basse-cour pourchassait la petite et lui donnait des coups de becs dans les mollets si bien qu’il était devenu son pire cauchemar. Elle n’en dormait plus. Elle le voyait le jour, la nuit et était pétrifiée dès qu’elle franchissait le seuil de la maison pour se balader, regardant de tous les côtés avant de poser un pied à l’extérieur. Et Coincoin, caché derrière la niche de Médor, le vieux chien de garde, qui dormait toute la journée, sortait de sa cachette et couic, mordait un mollet jusqu’au sang. En fait, notre chef canard, en roi des lieux avait décidé de la séquestrer à l’intérieur, lui refusant l’accès à l’air libre et Louise dépérissait.
    Que faire ! Elle voudrait rentrer chez elle, mais sa grand-mère, dont elle en avait aussi un peu peur, n’aurait jamais voulu qu’elle écourte son séjour, son fils n’aurait pas apprécié.
    Louise réfléchit un bon moment et repensa à ce livre qu’elle dévorait dès le réveil, et la tenait en haleine :
    « Marcher, Avancer. Tant que je le peux encore, continuer. Tous les jours, emprunter ce chemin pour se rapprocher de soi-même. Faire le vide, ne plus penser à rien, ne faire qu’un avec ce qui nous entoure, sentir que l’on fait partie d’un tout, plus grand que nous…
    Loin du brouhaha de la vie, de la ville, existence brute, marcher à son rythme, ne pas être pressé, il y a toujours de nouveaux chemins à découvrir…
    J’avance, et à chaque pas, je me débarrasse de ce qui me grignote le cerveau. Je distance ce qui me préoccupe, pour mieux les effacer.
    Marcher pour semer mes démons ».
    Et Louise, après cette pensée positive se dit qu’il était temps de réagir, pris son courage à deux mains et surtout à deux pieds car c’était nécessaire.
    Ni une ni deux, elle enfila les cuissardes du compagnon de sa grand-mère et fière de son idée, sorti de la maison. Elle sautilla en chantonnant pour narguer Coincoin qui ne se risqua pas même de mordre dans ce plastique, alla vers les poules, ramassa les œufs, fit la conversation avec les dindons qui gloussaient et se moquaient du canard prétentieux et Louise rentra tranquillement dans la maison, heureuse d’avoir trouvé l’antidote à sa peur.

    1.  » Les aventures de Louise « , que dis-je,  » La véritable saga de Louise « .

      Toujours aussi touchant et attendrissant, si proche de la réalité, un texte comme extrait d’un roman de terroir. À quand l’adaptation à l’écran ?

      Jean-Michel

  24. Atelier ludique du 25 septembre 2023 sur le thème de la cuisine

    Des croutons braisés au chalumeau garnis à la vacherie
    C’était une idée du chef, un truc à la mode. Pas du Chef de cuisine, non, de mon patron, mon boss. Faire une activité collective pour fédérer l’équipe. Et qu’a-t-il choisit ou plutôt que nous a-t-il imposé ? un atelier de cuisine. Nous voilà tous réunis dans un véritable laboratoire immaculé, plein d’ingrédients, d’appareils et d’ustensiles qui devaient comporter parmi eux une maryse, j’en suis certaine.
    Soupe à la grimace pour les participants !
    Je suis la reine du clavier, pas du piano… J’ai vite repéré un objet qui devait cracher du feu, ce que j’avais envie de faire, et m’en suis emparée. Un chalumeau. Au moins, si on me menaçait avec un rouleau à pâtisserie, j’aurais de quoi riposter. Les moins rapides n’eurent que des cuillères, d’autres avaient pris de quoi nous tailler en pièces. Les jeunes loups avaient faim, crocs aiguisés, prêts à tout dévorer.
    Le torchon brûlait mais les cuivres brillaient.
    Le seul appareil qui me plaisait, c’était le lave-vaisselle, mais bon, je ne pouvais pas commencer par la fin. Les marchandises proposées étaient bien trop viande pour la végétarienne que je suis, en plus. Je me décidais pour la simplicité. J’attrapais une baguette de pain à l’allure croustillante qui n’avait rien fait pour mériter un tel sort et je l’attaquais au chalumeau. Dans mon imaginaire culinaire très très pauvre, ça répondait à la consigne de faire braiser des croûtons. Je voyais bien avec quoi j’allais pouvoir tartiner mes malheureux quignons désormais tout noircis : un calendos, bien coulant , aux arômes de rancœur, affiné pendant des mois de détestation, décoré d’une croute suintante de venin et…
    Et là, je me suis dit « n’en fais pas un fromage non plus ». Fin de la recette.
    Tout ça pour qu’à la fin de l’atelier, mon chef chéri et autosatisfait nous déclare : « ça marche, on remettra bientôt le couvert ! »

  25. Atelier ludique du 25 septembre 2023 sur le thème de la cuisine
    Le moelleux de Tontine à la sauce pleurniche
    Non, non, non, pas avec des poux laids même si c’est à la sauce pleurniche. Aujourd’hui, je veux faire la recette du moelleux de Tontine à la sauce pleurniche, je la réussis si bien : pleurer de rire ou pleurer pour de vrai, une vraie cheffe de cuisine d’un palace new-yorkais ou parisien. J’aimerais rendre la sauce plus digeste pourtant.
    Je rêve de me promener dans le beau marché de Sens pour me procurer les ingrédients de mon moelleux arrosé d’un bon verre de Chablis, assise sur les beaux tissus du musée du Trésor de la cathédrale de Sens que m’aurait prêtés André Grasset, le chanoine de la Cathédrale de Sens. Il aimait tant le moelleux en regardant l’Yonne coulait. Il a vraiment goûté le moelleux à la sauce pleurniche puisqu’ il fut décapité à la Révolution française.
    Bon version 2023, plus aimable et cordiale, une grande respiration, on allège les sentiments, plus de sauce pleurniche, on manque d’eau il faut économiser la ressource.
    LE MOELLEUX DE TONTINE A LA SAUCE BIENVEILLANTE
    La douceur du moelleux est toujours là, on garde Tontine car une continuité est nécessaire au fil du temps pour en finir avec la sauce pleurniche. L’important avec ou sans sauce c’est de partager le moelleux avec Tontine ou qui vous voulez !

  26. Atelier Ludique du 25/09/23
    La critique culinaire philanthrope
    Lorsque je me retrouve déprimée, j’aime ouvrir ce grand placard noir.
    Pas n’importe quel placard…Celui des objets solitaires : la chaussette trouée qui ne retrouve pas sa moitié, l’étui déchiqueté sans ses lunettes, le chausson dépouillé par le chien…J’en passe mais ne trépasse je n’en suis pas là.
    Ce sont les ingrédients que j’utilise pour confectionner ma fondue d’objets perdus façon pot -pourri.
    Je le déguste toujours seule c’est trop intime pour le partager.
    Voir ce plat froid en manque de l’autre me donne l’idée de les associer pour plus de gaieté.
    Lorsque l’on dit que les 2 font la paire, j’ai le droit et l’envie de regrouper le bas filé de mémé avec la chaussette de tante Berthe 😊
    Cela me rappelle qu’il est bon de mélanger, de mixer, de voir ces belles mixités se rassembler.
    Alors quand je suis déprimée, je retrouve le goût de vivre en regardant ces associés s’assembler sans se soucier de leur différence.
    Je me délecte à déguster cette fondue d’objets perdus façon pot-pourri qui hume bon la tolérance, le respect et l’humanité.

  27. Atelier ludique du 25 septembre 2023 sur le thème de la cuisine

    Le Gratin des ventres jaunes en Automne

    Je me souviens à l’infini de bien des choses
    De ces grands repas dominicaux en famille
    Où notre mère à nos délicates papilles
    Servait couscous et légumes à grandes doses.

    Nous partions alors dans un curieux voyage
    Vers des terres lointaines à jamais perdues
    De ces villes pittoresques aux belles plages
    Plaines en vignobles et reliefs très ardus.

    Or une nuit folle, le ventre fort atone
    Alors que l’année courrait après son destin
    J’ai rêvé d’un menu à l’air plutôt serein
    Nommé Gratin des ventres jaunes en Automne.

    La famille attablée se tenait réunie
    Affolés, certains déjà se bouchaient le nez
    Quand d’autres tanguaient, juste au bord de la nausée
    De la couleur turquoise au lapis lazuli.

    Ce dimanche à l’évidence reste illusoire
    Quand l’Automne ravive ma mélancolie
    J’écoute alors au bord d’un étang dans le soir
    Les grenouilles se gratter leurs ventres jaunis.

  28. Atelier ludique du 25/09/23
    Le moelleux de Tontine sauce pleurniche

    Tontine Solange était très mal en point. Et quand ce mal-être lui arrive, elle n’arrive pas à cuisiner. Sauf, peut-être son moelleux au chocolat, que chacun s’accorde à dire qu’il est meilleur, voire exceptionnel lorsque notre tontine à un gros chagrin.
    Elle pleurniche tellement du matin au soir et du soir au matin, que quelques larmes bien salées additionnées d’arômes d’oranges amères subliment le goût de ce moelleux.
    Idem lorsqu’elle monte les œufs en neige. Juste le fait de hoqueter rend plus énergique les coups de fouets dans une intermittence des plus nécessaire à des blancs bien pris, à en retourner le cul de poule.
    Le mélange du chocolat fondu auparavant dans une casserole avec une légère touche de beurre salé aux larmes amères les rend beaucoup plus crémeux.
    Elle rajoute une, deux ou trois lichettes de cognac à l’orange parfumée spécialement de ses pleurs pour un arrière-goût idéal au palais.
    Elle laisse infuser, reposer cet appareil une heure, le temps de verser tout son chagrin dans au moins deux torchon non brûlés, il va sans dire.
    Puis elle verse délicatement un quart de cette préparation dans des petits moules en silicone rincés auparavant, rincés mais non essuyés, très important. Elle dépose ensuite un carré de chocolat noir inondé également de cette pluie intérieure intarissable, recouvre à nouveau les moules de l’appareil à moitié, enfourne le tout, programme ensuite le four à 180° et quatorze minutes de cuisson, pas une de plus, ni de moins.
    Le temps nécessaire à une autre crise de larmoiement, elle pourra démouler sa meilleure recette.
    Mais Tontine Solange n’aime pas ses moelleux et c’est bien la seule. Ils sont si délicieux et parions que sa petite famille fasse en sorte de la titiller à tour de rôle pour bénéficier de ce dessert aux ingrédients si particuliers.

  29. Atelier chez Calligrammes du 15/09/2023

    Le thème des Mains

    Après avoir fait le dessin d’une main où, tour à tour chacun a mis un mot ou phrase qu’on s’échange celle que j’avais était: « deux mains » et la lecture par Corinne d’un extrait d’En vie d’Eugène Savitzkaya.
    La phrase de départ que j’ai choisie dans ce texte : « je suis à la fois au four et au moulin ».

    Je suis à la fois au four et au moulin. Je tiens un bâton de protection pour chasser les mauvais esprits à deux mains. Le manikineko, mon porte bonheur m’accompagne pour me protéger du Dieu de la mort. Ainsi, les vagues de surf se déchainent et aident mes amis à combattre le chemin de la vie, « car tout le monde ne sais pas qu’il y a des momies qui le furent de leur vivant. ». Les Japonais nous montrent qu’il faut tendre la main pour protéger son prochain et rester humble en toutes circonstances. Le portrait inédit du soleil Levant montre aussi qu’il peut avoir une main romanesque à travers l’histoire et le temps intemporel de l’existence.

    J’ai choisi aussi une main romanesque sur la main. Phrase prise au hasard dans le livre : « car tout le monde ne sais pas qu’il y a des momies qui le furent de leur vivant. ». à prendre au sens philosophique.

  30. Atelier d’Écriture chez Calligrammes 15/9/23

    Après avoir fait le dessin d’un main où, tour à tour chacun a mis mot ou phrase qu’on s’échange (celle que j’avais était: «  Pouce » moi vers toi) et la lecture par Corinne d’un extrait d’En vie d’Eugène Savitzkaya dont la phrase de départ: Il me faudrait deux paires de mains…

    Il me faudrait deux paires de mains
    l’une pour accueillir,
    l’autre pour repousser
    Une paire pour l’ouverture
    Une paire pour le combat
    Une paire « Pouce » moi vers toi
    Une paire ne touche pas à ça
    Une paire pour le « ensemble »
    Une paire pour « tu n’es pas des miens »

    Des mains qui traduisent la beauté du monde,
    qui transmettent par l’art, l’écriture…
    qui explorent toute la diversité, la complexité
    qui soutiennent par accolades, caresses, l’âme en détresse
    qui donnent envie de partager un bout de chemin,
    de porter en commun des drapeaux d’espérance

    D’autres mains qui disent NON
    qui sachent retirer les voiles, les masques
    qui soient parfois capables de prendre les armes
    pour lutter contre les injustices,
    qui soient en même temps pare feu
    qui puissent contrer les bombes massacrant les populations civiles…

    Et peut-être que demain, deux mains, une seule paire suffira
    pour vivre, ensemble, en harmonie, avec diplomatie,
    sans nier les différences, les divergences, la complexité,
    en débattant tout simplement

    1. coucou Line,
      Je viens de redécouvrir ton texte qui me donne toujours autant de frissons lorsque tu nous l’a lu à haute voix à la librairie. il est d’une profondeur incroyable !
      au prochain atelier
      Karine

  31. Atelier d’écriture à la Ballastière avec Corinne Mazuir Le 26/7/23

    Cartes associées (envers de la carte choisie et carte choisie d’une autre participante):
    Deux mains tenant des barreaux comme pour les déceler et trou noir entouré de lumière

    Texte de Line.

    Enfermée derrière des barreaux comme dans un trou noir, j’ai fermé les yeux pour chercher la lumière et essayer de calmer ma colère. J’ai respiré très fort, emmagasinant le maximum d’oxygène. Ainsi, j’ai pu m’échapper, m’envoler.
    Je me suis retrouvée sur les chemins, comme en randonnée, entourée de verdure, les narines frémissantes. Les odeurs me revenaient en mémoire, m’emmenant plus loin encore vers cette étendue d’eau. Sur celle-ci de beaux cygnes d’une pure blancheur me faisaient signe, me disant que j’étais partie très loin… Ils s’approchaient du bord et à mon étonnement, se mirent à manger l’herbe tendre de la berge. Quelle sensation de calme, de sérénité!
    Je repris le chemin bordé de mûres, oubliant les murs de ma cellule. Je pensais aux plumes des oiseaux dont quelques cris me parvenaient. Prendre la plume pour écrire et m’enfuir me sembla désormais une solution, une clé ouvrant des horizons. Je tracerai sur le papier des chemins de liberté. Ils me permettront de revivre ces moments d’avant, les rendant présents, remplaçant le présent actuellement entravé. Je ferai du passé mon présent mais penserai aussi à mon avenir débarrassé de ces barreaux. Il sera fait de nature, de rencontres et de poésie. Il sera verdoyant, ensoleillé, accueillant silence et émerveillement. Je ne courrai pas après le temps perdu mais laisserai place à l’inattendu, à l’émoi comme devant l’animal traversant soudain la route et qui nous surprend. Cette légèreté me permettra de traverser ce monde parfois si pesant. Soudain, sur l’étang, un ragondin passa!

  32. Texte écrit en résidence dédiée au Récit de vie
    Du 3 au 6 juillet 2023, au gîte de Peteloup, près de la Celle-Saint-Cyr.
    À la suite d’une séance de découpage et de collage.

    En regardant ces petits bouts de papier assemblés dans un étrange collage, j’imagine le chemin parcouru, les épreuves traversées, les brumes et la part d’ombre qui m’habitaient.
    Je prends des piolets comme autant de crayons et je les plante dans la pente raide d’une cascade glacée, laissant derrière moi de sinueux sillons. Je ressens ce besoin irrépressible de sortir de ces blessures du passé et de me hisser vers le haut, vers l’accomplissement.
    En écrivant quelques mots, parfois dans l’instant, parfois posés et réfléchis ou puisés dans des souvenirs, je découvre ma planète intime, celle qui me ressemble et à laquelle je m’identifie.

    Chaque jour est alors une révélation.
    Une vérité se concrétise et une explication prend corps.

    Aujourd’hui, j’entre dans la lumière.
    Je trouve des Mots pour épouser mes éMotions.

    J’inspire, j’expire et je vois plus loin vers demain.
    Chaque jour, je suis, mon récit de vie.

    1. Merci Jean-Michel pour ce partage.
      Un collage déclencheur d’écriture soutenu par l’approche psychocorporelle expérimentée pendant notre stage résidentiel « Donner corps à son récit de vie ».
      Une vue dézoomée de ton parcours de vie, un texte introductif au recueil échafaudé ensemble.
      Bonne finalisation.

  33. Texte écrit après lecture d’un extrait de Coquelicots d’Anne Sylvestre
    et d’amorces lancées par Corinne (30/06/23)

    C’était impossible de choisir mon livre coup de coeur, la facilité aurait été de prendre un recueil de Guillevic qui nous unit au cosmos et remet l’homme à sa place comme élément du monde, mais c’est Erri De Luca que j’ai choisi, pour sa langue dans ses écrits comme à la radio, on y entend quelque chose de rocailleux.
    J’étais en mer, noyée dans les vagues de livres, en bas comme au grenier: des livres lus, des livres feuilletés, des livres justes ouverts et dont la lecture est remise à plus tard.
    La lecture me demande toujours beaucoup d’efforts mais elle donne tellement. Après les avoir aimé, les livres sont plus ou moins digérés, que dois-je à celui-ci ou à celui-là?ça se mélange. Ils ne meurent pas, quelque chose survit et fait naitre autre chose, comme les graines; les auteurs, auteures nous nourrissent autant que les agriculteurs….

    Abeilles butineuses de livres ou sangsues les dévorant entièrement un par un, nous cherchons  leur substantifique moelle avec laquelle notamment on se construit. Livres briques posés à même le sol, ou sur étagères, contre nos murs, bon isolant, nous protégeant parfois du monde.

  34. Où est le coquillage d’or ?
    Le fameux Mazuira Innecora

    J’ai loué le phare récemment rénové au conservatoire naturel de la Pointe des Trésors. J’ai lu tout ce qui est possible de trouver comme documentation concernant le fameux coquillage le Mazuira Innecora.
    J’ai joint les chercheurs et auteurs renommées que sont Fabienne, la célèbre autrice, mais devinez, elle est en mer pour un livre sur Jean-Michel, le sympathique écrivain surfeur en préparation d’un projet lui aussi ‘’Impressions sur ma planche’’ son prochain ouvrage illustré de ses superbes clichés en train de survoler les vagues.
    Brigitte, après son dernier succès de librairie sur ‘’ Petit Pierre et son catamaran en carton ‘, voulait s’isoler ’ pour écrire le scénario du film tiré du livre ‘’ Petit-Pierre et son catamaran ‘’.
    Pas question de m’aider, ils sont trop occupés. Je comprends, parfois nos projets envahissent nos vies.
    Cécile et Sylvain. Ils ont peut-être un peu de temps libre, ils viennent de finir leur livre photos sur ‘’Cécile à la plage ‘’ ou il y a aussi Christine L, non, non je ne la dérange pas pour le moment. Elle dessine si bien je lui demanderai si c’est possible d’illustrer mon livre sur ‘’Mon Mazuira Innecora, le fameux coquillage si recherché. que tout le monde convoite.
    Mais j’y pense ce n’est peut-être pas une espèce répertoriée dans les musées du monde ou dans un vivier où nagent les richesses de la mer.
    En fait, c’est un réseau joyeux qui se réunit autour de notre animatrice Corinne si talentueuse c’est le moment où l’on joue avec les mots, où l’on s’écoute les uns après les autres lire son trésor épistolaire du moment, c’est- dire le jour de l’atelier en virtuel que donne Corinne. Voilà le coquillage d’or que tout le monde convoite , et nous les 7 amoureux des mots , nous le tenons dans nos mains.

    1. Petit bonheur de (re)découvrir ce merveilleux coquillage. Il met en résonnance toutes les singularités d’un petit monde magique d’écrivant(e)s qui osent, avec une grande poésie, poser des mots, sur les émotions et les sentiments qui les traversent, au gré des vagues du temps.

      Très beau texte Christine
      Jean-Michel

  35. LA MER / 3.5.23 / BRIGITTE P.
    PRETEXTE MARITIME
    Descendu en riant des dunes ensablées, ils ont sauté dans la barque qui les attendaient sur le sable de gravier et ramé jusqu’au petit bateau de pèche de leur tonton Jacques, où ils se sont entassés. Mais une tempête a menacé l’horizon qu’ils venaient tout juste d’atteindre. Ils ont eu vraiment très peur. Le bateau tanguait dangereusement. On va se noyer criait PetitPierre serré sur les genoux de Jacques. C’était sa première sortie en mer et il avait mal au cœur. Heureusement, un grand navire tout illuminé et joyeux croisait dans les mêmes eaux en folie que leur petite coquille de noix et les a recueillis
    LE SON DE TA VOIX SOUS L EAU
    Le navire se dirigea vers la lumière floue que diffusait le phare géant dans le lointain. Il était situé aux confins rocheux d’une minuscule petite île, où les passagers en détresse pourraient se réfugier bien à l’abri. Mais il fallait d’abord accoster. Le phare était une constante salvatrice dans ce déluge bleu marine vert gris en perpétuel mouvement où rien d’autre n’affleurait. Tout le monde avait enfilé un gilet de sauvetage. Petit Pierre serrait ses poings sur le bastingage, au chaud contre le ventre de Jacques. Son mal de cœur avait curieusement disparu. Il s’était soudain senti devenir eau lui-même, vaguelette transbahutée au firmament puis aspiré au creux de la vague. C’est comme la grande roue s’était-il dit et j’adore ça. Soudain il distingua une silhouette féminine dans l’eau, qui se construisait et se déconstruisait au rythme des vagues. Il braqua intensément son regard, yeux écarquillés, sur cette étrange créature. C’était… oui c’était bien ce qu’il croyait : une SIRENE !
    Ses écailles mordorées bravaient la noirceur des flots, lui envoyant des messages scintillants. Ses longs cheveux bruns voguaient au-dessus de sa tête ; deux coquillages d’argent masquaient sa poitrine, et sa queue de poisson frappait énergiquement les éléments liquides qui voulaient la disloquer. Sa bouche rouge vif s’ouvrit pour lâcher un « hééé, Peeetiiiit Pierreee, tuuuu m’entends en en… « . ça dessinait des ronds sonores jusqu’à la surface de l’eau, mais les remous les dispersaient dans tous les sens. « j’entends le son de ta voix sous l’eau » s’époumona Petit Pierre, mais je ne comprends pas tes mots ». Tonton Jacques resserra son étreinte autour de son neveu, pensant qu’il délirait et, inquiet de le voir se pencher par-dessus bord en gigotant. « lâche-moi, lâche-moi, la dame sirène veut me parler ».
    – Mais non !
    – Si, s, elle est là, regarde. Elle veut me livrer tous les secrets de la mer. Il faut que je distingue ses paroles, elle n’arrête pas de me parler. Tous les mystères s’échappent de ses lèvres et je n’arrive pas à les saisir.
    Il se tortillait comme une anguille. La sirène se rapprocha du navire.
    – J’euuu m’appeeeelle CAAA LYYYP SOOOO, finit par deviner l’enfant. Encore encore, cria-t-il.
    Mais le navire fit une embardée pour se couler entre les piliers de l’anse, où régnait un calme relatif.
    – CALYPSO CALYPSO, où es-tu ? criait Petit Pierre.
    La sirène était restée dans les eaux tumultueuses de la haute mer.
    Et le charme fut rompu.

  36. La mer – 03/05/2022

    Bartleboom insistait :
    – Mais si, ces vagues sont exceptionnelles ! Vous ne voyez pas ce petit halo lorsqu’elles se
    fracassent contre la paroi ?
    – Euh non….
    – Mais si ! regardez bien en haut, il y a un petit halo lumineux.
    La femme plissait alors ses yeux et apercevait le fameux rayon.
    – Oui effectivement, il y en a un. Mais qu’est-ce que ça peut faire ?
    – Mais enfin, vous ne comprenez pas ! C’est l’entrée !
    – Euh…l’entrée sur le menu d’un restaurant ?
    – Mais non ! De l’Atlantide !
    – Mais bien sûr ! Vous avez pris vos médicaments ?
    – Je n’ai pas besoin de cachetons, je sais ce que je dis ! Lorsque la vague se brise, un halo se
    forme et ouvre un passage pour accéder à ce site perdu. Cette houle ne se manifeste pas tout le temps, des conditions doivent être réunies. Raison pour laquelle je les étudie avec grande attention.
    – Ah…si vous le dites !
    – Une fois le passage ouvert, vous rencontrez une petite bête !
    – Hum…hum…
    – Ici sont les dragons.
    – Des dragons, ben voyons.
    Elle se demandait à quel genre de scientifique elle avait affaire.
    – Oui, je vous l’assure ! Ils sont petits et possèdent une queue enroulée. Certains les décrivent
    comme les chevaux des mers, mais pour moi ce sont des dragons !
    – Des hippocampes vous voulez dire ?
    – Oui, si vous voulez ! Moi je les nomme des dragons de mer. Vous montez sur leur dos, une
    bulle de protection vous entoure. Elle vous permet de respirer comme si vous étiez resté sur Terre. Attention, il faut bien agripper les rênes, car il vous emmène tout droit au Royaume des mille mers : l’Atlantide.
    A l’entrée se trouve une grande arche faite d’or et de rubis. Vous croisez tout un tas d’autres petits dragons. Des sirènes se montrent et vous saluent.

    Il lui semblait avoir un gentil petit savant fou devant elle, comme le Professeur Tournesol, elle le laissait donc poursuivre.
    Soudain, une femme au loin est venue dans leur direction d’un pas décidé. Elle paraissait agacée et fatiguée. Elle criait :
    – Professeur Bartleboom ! Professeur Bartleboom ! Cessez vos enfantillages !
    Elle s’est ensuite mise à courir. Une fois à leur hauteur, elle a poursuivi, essoufflée :
    – Mais enfin Professeur, ça fait 2 bonnes heures que tout le monde vous cherche ! Nous étions
    très inquiets !
    J’espère madame qu’il ne vous a pas trop importunée. Il n’est ni méchant ni dangereux, mais un peu loufoque. Je m’occupe de le ramener à l’hôpital. »
    La dame au manteau violet les a donc quittés. Dès qu’elle a été hors de vue, la soi disant infirmière a repris son discours :
    – Espèce de vieux fou, tu ne dois pas révéler ce genre de vérité ! Poséidon te réduirait en
    miettes, il déclencherait un tsunami. Tu n’es pas dans La Petite Sirène là, c’est la réalité ! C’est sérieux.

  37. Atelier ludique et créatif du 3 mai 2023 sur le thème de la Mer

    Le surfeur

    J’étais assis détendu sur ma planche,
    Et j’espérais une vague très belle.
    Le vent taquin semblait faire relâche,
    Effleurant l’écume chargée de sel.

    Pourtant au loin se couchaient des voiliers,
    Fuyant pour un temps le port de plaisance.
    La douce marée offrait une danse,
    Aux mats de bateaux encore amarrés.

    À l’horizon encore se perdaient,
    Des chalutiers de pêcheurs téméraires.
    Sillage blanc pour la très haute mer,
    Goélands, albatros, accompagnés.

    J’étais assis fébrile sur ma planche,
    Guettant le signe certain d’une houle.
    L’écrin d’émeraude dressé en arche
    Roulant au rivage des galets en foule.

    Le soleil poussa le fil d’horizon,
    Jetant sur la mer ses chevaux de feux.
    Et je vis poindre le trait merveilleux,
    Ce rayon vert, troublé d’émotions.

  38. Atelier ludique et créatif du 3 mai 2023 sur le thème de la Mer
    De plus en plus intriguée, Ann Devéria serra à nouveau son manteau violet autour de sa taille et vint s’asseoir à côté du professeur Bartleboom. Et avec le même naturel dont elle était coutumière, elle reprit son questionnement à l’adresse du scientifique.

    — Vous venez souvent ?
    — Tous les jours et quel que soit le temps, dit-il de son air renfrogné. Pluie, tempête, soleil, grand vent et j’en passe.
    — Ah ! fort bien. Vous êtes bien courageux !
    — Courageux, courageux, je n’sais pas ! En tous cas, persévérant et obstiné, ma p’tite dame. J’ai mon carnet et je note le comportement de la vague.
    — Hum ! Je vois bien se dit Ann, un peu dans la brume. Et vu le nombre de va-et-vient, vous devez remplir des pages.
    — En fait, si vous voulez savoir, je me choisis un point de référence que j’ai matérialisé avec des tiges de roseaux plantées dans le sable.
    — Ah oui ! dit-elle, un sourire nerveux sur les lèvres.
    — Et je compte les vagues qui les dépassent et celles qui restent en retrait.
    — En fait, vous étudiez la respiration de la mer.
    — Oui si vous voulez ! […]
    Puis se tournant vers Ann pour la dévisager.
    — Jolie métaphore !
    — […] Mais n’y a-t-il pas d’autres évidences, d’autres choses plus secrètes à trouver ?
    — À quoi pensez-vous ? fit-il ajustant ses lunettes rondes.
    — Que sais-je ! J’imagine des hommes qui sont venus de l’horizon à plusieurs époques et qui ont laissé des empreintes, des vestiges, des cités, des embarcations chargées d’étoffes, de parures, de pierres précieuses, des sculptures, des …
    — Oh ! je vois. Vous vous intéressez à des civilisations disparues, des mondes engloutis.
    — J’ai toujours aimé regarder la mer, suivre ses marées, longer le chemin des douaniers pour voir évoluer le trait de côte.
    — Ainsi, vous aimez la randonnée !
    — Oui, j’aime bien, j’avoue. Voyez mes baskets assorties à mon manteau. Sympa non ?
    — Oui. Question de goût. J’avoue humblement que cela sort de mon domaine de compétence. Et je n’y entends guère en matière de vêtements féminins. C’est pour moi comme un très grand secret.
    — Chacun ses secrets, chacun ses compétences ! dit-elle sentencieuse. […] Je pense que je vais vous laisser à vos recherches.
    — Vous partez ?
    — Il le faut bien ! Vous avez vos mesures de la limite de la vague et moi, ma foi, je mesure le temps qui passe en foulant inlassablement le sable luisant au soleil. […] Et … et peut-être qu’un jour, je trouverai l’amour.

  39. Avril 2023, médiathèque de Gron, le handicap . Qu’est ce que la handicap?

    de H comme Handicap à R comme Renoncule

    L’école, il la refusait
    Chaque matin, il souffrait
    En silence, il pleurait
    Débile, on l’insultait
    Ses parents inquiets étaient
    S’intégrer, il ne pouvait
    Avec les adultes, il parlait
    Les enfants, il les ignorait
    En classe, il s’isolait
    Les leçons, il retenait
    Lire déjà , il savait
    Beaucoup de questions, il posait
    D’aucuns l’enviaient
    Mais handicapé, on le soupçonnait
    Les quolibets, il endurait
    Jusqu’à ce matin de mai
    Où détecté, il fut
    Surdoué, il était
    Désormais, il savait
    Que trouver sa place, il y arriverait
    Les obstacles, il franchirait
    Aidé par sa famille qui l’aimait.
    Comme la renoncule dans son jardin,
    Il allait s’épanouir à l’aube
    De ce magnifique printemps.

  40. Atelier du 4 avril 2023 – l’agent immobilier
    Le contexte :
    Julien LEMARCHAND – 37 ans – 1,87 m – divorcé 2 fois – sans enfant
    – Signe particulier : il lui manque l’annuaire de la main gauche, perdu quand il avait huit ans suite à une chute à vélo, sa main est passée dans les rayons. Pour lui c’est un signe du destin cet annuaire manquant.
    – Agent immobilier en Irlande depuis 18 mois, il est parti là-bas suite à son dernier divorce « pour changer d’air »,
    Sportif dans l’âme, il pratique le trail et rêve de participer au championnat France, ce sport lui a fait un corps d’athlète, il est beau grand et musclé, il plaît aux femmes et enchaîne les relations sans lendemain, Mais il y a un mais… depuis qu’il est arrivé en Irlande il fréquente beaucoup les pubs, beaucoup trop, et ses résultats sportifs et professionnels s’en ressentent. Son manager, Tom Ockley, l’a déjà convoqué 2 fois à propos de ses retards et de ses objectifs qui sont loin d’être atteints.
    En fait, malgré son image de tombeur, et de battant, il se sent comme un pop-corn, une enveloppe pleine de vide.

    L’histoire :
    Cela faisait plusieurs jours que je longeais les mêmes côtes de cette île quelque part sur la planète, dans cette mer grise et froide comme je l’aime. Il y avait là un énorme ban de krill et de petites crevettes bien dodues, je m’en léchais le fanons d’avance, tout en pensant qu’il fallait que je sois raisonnable, j’avais pris du poids, une petite demie tonne, ce n’est pas rien. J’ignore encore pourquoi, après plusieurs remontées en surface pour respirer à évent grand ouvert, j’ai aperçu de nouveau au loin cet humain tout au bout de la jetée, il était encore là comme moi toujours à la même heure comme les jours précédents. Piqué par la curiosité, je me suis approché discrètement ,si tant est que l’on peut être discret quand on mesure plus de 15 mètres et en faisant un petit 25 tonnes. J’étais donc à quelques mètres de lui, il avait l’air soucieux et parlait tout seul, apparemment il ne m’avait pas encore remarqué ma présence. Il était toujours dans son monologue, il semblait vouloir se convaincre « Julien reprends toi ! Si tu continues comme ça tu vas perdre ton boulot, sortir tous les soirs et rentrer dans un sale état et avec n’importe qui.Tu n’es plus bon à rien depuis quelques mois, même au sport tu n’avance plus ! Il a raison de gueuler Tom, je n’arrive plus à convaincre les acheteurs, en même temps je m’en fout un peu… j’aimerai tellement fonder une famille stable mais cette malédiction du doigt coupé me poursuit toujours : Pas de doigt, pas d’anneau, pas d’anneau, pas de bonheu, pas de bonheur ! Et ce grand vide dans ma poitrine». Je l’observe du coin de l’œil, il a l’air mal en point cet humain, je ressens ses vibrations de tristesse et de colère. Il fait les cent pas, le ciel de plomb est au plus bas, la tempête approche. Il finit pas s’asseoir au bout de la jetée, les jambes pendantes, je crois qu’il m’a vu, il n’a pas l’air étonné, comme si il était normal de voir une baleine immobile qui le regarde. Il m’interpelle « Eh toi Mobidick ! (le humains nous appelle souvent comme ça, quel manque d’imagination) comment ça se passe pour vous la vie à deux ? Hein dis moi ! Regarde moi bien toi la baleine, j’ai 37 ans et pas fais grand-chose de ma vie, j’ai cru qu’en partant loin, j’allais laisser cette malédiction là-bas, mais non elle est toujours là, elle me poursuit ! Maudit doigt ! Comment je fais ?» Il hurle son désespoir à la tempête, la pluie tombe se mêle à ses larmes le vent redouble. Il se lève, chancelle, lutte contre les bourrasques, ouvre les bras en croix en défis aux éléments déchaînés. « Mais qu’est ce que je peux faire pour cet humain en si mauvais point ? « Je prends alors mon élan et je descends dans les grandes profondeurs pour remonter en y mettant tout mon énergie pour lui faire la plus belle pirouette que je n’ai jamais faite. Il était déjà mouillé mais là avec le gerbe d’eau je lui ai envoyée il est trempé des pieds à la tête et éclate de rire, d’un rire sonore et libérateur qui vient du fonds des tripes et me fait une longue révérence pour me remercier et me dis « sois à l’heure demain, j’ai encore des choses à te dire ».

  41. Mars 2023. à la médiathèque de Gron , « la lettre à son voisin ».

    Chère Andrée, les intimes t’appellent « Dédée ». Puis je me le permettre?

    Je t’écris en caracolant sur le sentier des Dieux.
    Le printemps pointe le bout de son nez,
    narcisses et anémones jonchent les prairies.
    Les grandes causses du Sauveterre et du Méjean
    mettent mon coeur en émoi.
    Je t’écris dans le silence minéral du lac Saint-Andéol
    au lever du soleil dans les Monts d’Aubrac.
    Je t’écrirai encore demain lorsque je traverserai
    l’eldorado de verdure si brillamment décrit
    dans le magnifique roman de Stevenson
    « Voyage avec un âne dans les Cévennes ».
    Je t’écris pour renforcer notre lien d’amitié
    et te faire partager les sublimes paysages que je traverse.
    Je t’écrirai en janvier lorsque laissant derrière moi
    la froideur hivernale de nos contrées,
    j’irai nager avec les dauphins à l’île de la Réunion.
    Quelle heure sera-t-il lorsque tu liras cette missive?
    15h en métropole, 16h sur ce petit bout de terre de l’Océan Indien
    où les fleurs poussent à profusion exhalant leurs senteurs
    et réjouissant les sens.
    Espace rêvé des randonneurs, je me promène à la recherche
    de ces vieilles maisons créoles à un étage si typiques de l’endroit.
    Je t’écris hier, aujourd’hui, demain, pour te communiquer mon bonheur
    d’être sur les chemins, libre par nature et t’encourager à me rejoindre.
    Répondras tu à mon appel?
    Ecoute moi bien, Andrée, Dédée, tu sais, la vie, c’est comme une bicyclette
    il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre et surtout
    ne jamais prendre de raccourci.

  42. Merci de ces moments de partage
    La plume se permet tous les excès et toutes les folies. C’est un moment précieux où liberté rime avec plaisir.
    Atelier du 29 mars 2023, thème de la lettre :
    Sur une enveloppe choisir des images sur un thème librement choisi
    Acrostiche du prénom, lecture d’un texte de Joëlle BRIÈRE.

    Je vous écris
    Comme le printemps agacé, ivre de liberté
    Pourtant notre planète va mal et on assiste au réchauffement climatique
    Je vous écris
    Comme un ciel pris en otage, des éclairs au-dessus d’un dôme de nuages
    Je vous écris
    Comme une situation dramatique que H. REEVES nomme d’alarmante
    Je vous écris
    Comme le vent qui se lève qui va rendre notre planète inhabitable pour nos enfants et petits enfants
    Je vous écris
    Au bord de la neige qui disparaît de nos montagnes
    Je vous écris
    Comme la conscience inespérée qui stoppera le départ des yaks, parce que le futur nous appartient
    Je vous écris
    Comme l’écriture et la beauté de la langue française qui permettra de faire prendre conscience de la nécessité de choix douloureux et des mesures drastiques
    Je vous écris
    Comme le souligne Paul RICOEUR la responsabilité ne se décline plus seulement par rapport au passé mais par rapport au futur
    Je vous écris
    Comme vous agissez de telle sorte qu’il existe encore une humanité après vous et aussi longtemps que possible.

  43. Avec vous, je partage ce grand plaisir d’écrire
    Et davantage encore, celui de lire devant un auditoire.
    Vibration troublante, exaltante et si enivrante à vivre.

    Et quand juste aux bords des émotions viennent,
    Ces larmes de bonheur qui doucement coulent,
    Elles se transforment en mots tracés à la plume.

    Jean-Michel

  44. Eloge aux ateliers…, texte pensé dans mon canapé par une nuit d’insomnie- le 11 mars 2023

    Comment ai-je su? Que je pouvais encore, de nouveau?
    Et comment ai-je pu vivre sans?
    Le rendez-vous était prévu un lundi. Ce n’est pas mon jour favori…
    Combien de mois, d’années sans le faire?
    Et pourtant, le faire, j’adorais.
    Fiers de moi mes parents étaient lorsque, lycéenne, mon texte je leur lisais.

    Lorsque j’ai franchi la porte, j’ignorais tout de cet atelier dont on m’avait vanté les qualités.
    Mais je sentais, je savais qu’il signifiait Liberté et qu’il allait m’emmener de l’autre côté.
    Sans appréhension, j’y suis allée.
    Bien accueillie, je l’ai été.
    D’emblée, il m’a séduite.
    En ouvrant la porte, j’ai apprivoisé la page blanche et passé la Frontière.
    Des feuilles vierges, j’ai noircies.
    Les mots, je me suis permis.
    M’exprimer sur le papier, j’ai osé!
    Un texte, le mien, j’ai écrit.
    Je l’ai lu, ici
    devant l’assemblée réunie
    et une larme a jailli!
    Et j’ai continué à participer
    avec toujours autant d’enthousiasme
    à ces ateliers réguliers.
    Par ces quelques petites phrases négligemment jetées
    sur un cahier d’écolier, ma gratitude, je tente d’exprimer
    envers Corinne, « accompagnatrice » dans la réflexion
     » facilitatrice » dans l’écriture.
    une personne à l’écoute bienveillante
    et au professionnalisme avéré
    sans qui rien n’aurait changé,
    sans qui je n’aurais pas osé franchir cette porte à nouveau
    qui permet à chacun de pénétrer dans le monde des Mots,
    le Beau Monde!

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