Ailleurs… quel peuple ?

Un peu de lecture pour les soirées d’hiver !

Lors du dernier atelier d’écriture en visio, nous avons créés des peuples imaginaires en s’inspirant d’Henri Michaux et de son peuple des Emanglons.

Voici deux textes partagées par les écrivantes, d’autres seront certainement à venir. Quel voyage en une soirée. Bravo à elles.

Minuscule, proprement minuscule ! A tel point d’ailleurs qu’on en distingue le contour qu’en arrivant presque à sa porte. Cet aéroport ressemble davantage à un banal hangar, avec ses murs ocres et verts comme s’il devait se dissimuler dans le paysage, à peine toléré, comme clandestin.

Voilà bien un fragile point de départ pour un voyage qui tient pourtant de l’odyssée. Ne pas se laisser impressionner, quelques livres comme viatique, partir, tels les descendants de tous ceux qui ont effectué le même périple au fil du temps.

Partir, s’évader, embarquer, laisser venir le bonheur et l’ivresse de la légèreté, avant de se poser délicatement au pays du peuple des Pages Sages.

Discrets, presque fluets, le voyageur distrait pourra les croiser sans même les remarquer. Tels des caméléons furtifs, ils se fondent dans la nature foisonnante qui les entoure. Les rencontrer se mérite et demande qu’on y prête attention.

Affairés et diligents, ils vont et viennent, tout absorbés par leur tâche. Leur journée commence toujours par le même rituel : ouvrir chaque matin un livre emprunté la veille au soir au voisin, y piocher trois mots et les offrir au premier être vivant qu’on croise. On pourra les chanter, les clamer, les susurrer, les chuchoter, les hurler, selon ce qu’on trouvera le plus adéquat !

Ils partent ensuite, en suivant très exactement leurs envies et les inspirations du moment. Un jour de mélancolie, tel marchera le long du ruisseau, à pas lents et tranquilles. Ce même ruisseau que tel autre avait suivi la veille, avec joie, bonheur, exaltation et éclatant de rire !

Parcourant ainsi leur monde, on les voit soudain stopper net et s’emparer prestement qui d’un calepin, qui d’une feuille arrachée d’un carnet, qui d’un livre aux pages blanches. A la craie, au fusain, au crayon ou bien encore à la mine de plomb, ils esquissent, dessinent, copient, illustrent, peignent à grands traits.

Ce sont des collecteurs créateurs !

Cueillant parfums et couleurs, sensations et odeurs, ils créent, imaginent, inventent un catalogue de mots nouveaux, inédits, jamais encore prononcés, tout à la fois les plus sobres et les plus percutants possible. Des mots indiscutables, qui se suffiront à eux même !

Epuisés par ce dur labeur, comme des convalescents ouverts à autrui, si le ruisseau est très sauteur et cascadant, ils vous adresseront gentiment la parole pour peu qu’ils vous sentent suffisamment réceptif.

J’eu ce bonheur, alors que je déambulais au hasard. J’entendis soudain une petite voix suave murmurer : « voluptique, ….voluptique…. Voyons voyons, oui, voluptique, c’est tout à fait ça ! Vite, je le note et je le porte au catalogue ».

Les sens en éveil, je continuais ma route. Ce fut cette fois une voix grave et concentrée qui s’exclama : « J’ai trouvé ! Musicriture, bien sûr, oh oui, c’est formidable, musicriture ! » On pourra remarquer que les habitants de ce bout du monde ne manquaient pas de donner parfois dans une très légère autosatisfaction !

Le dernier mot que j’entendis lors de ce séjour fut « Flutisme ! », sur un ton quelque peu désabusé !

Je pris le chemin du retour et retrouvais, songeur, l’aéroport. Le sens de ces mots ne m’avait pas été expliqué, j’avais pourtant parfaitement compris ce qu’ils signifient à l’instant même où je les avais entendus !

Voilà bien de la poégination !

Fabienne

Kwei, Kwei

                                         (Bonjour en langue amérindienne)

Je vous présente Granny, elle est métisse, son papa est un Wendat et sa maman lyonnaise. Ils se sont connus lors d’une tournée de son père en France dans les écoles de Lyon et ses alentours.  Il animait des séances de contes, dans les écoles pour raconter aux enfants français les légendes amérindiennes en particulier celles des Wendats.

Elle habite Los Angeles, elle a épousé un pilote qui a dans son jardin, un immense hangar rempli de maquettes d’avions. Elle est restée fidèle aux coutumes paternelles. Elle adore les voyages et surtout s’aérer dans les ports, mais ce qu’elle préfère, c’est deux fois par an, retourner à Wendaké dans son village auprès de son peuple, les Wendat, surtout en juin au moment du Poo Woo annuel.

Elle appartient au clan de l’ours. Son père le lui a dit mille fois lors de leur séjour dans le bois, pourquoi le clan de l’ours, et pas celui du loup comme son amie Isabelle, mais elle a toujours oublié.   Elle écoutait plutôt les bruits des milles et un habitants à 4 pattes de la forêt. Cela lui reviendra.

Granny prépare l’arrivée de sa petite-fille Brigitte qui lui rend visite pour Noël. Brigitte arrive de Lyon en France, elle va encore débarquer avec sa doudoune et ses bottes fourrées. Elle étouffera sous le soleil trop chaud du désert. 

Cela lui rappelle son enfance, passer du temps avec Brigitte sa petite fille, comme elle le faisait avec sa Grand-Mère, Kukum (Grand-mère en langue des Premières Nations).

Petite, elle y séjournait avec ses parents .

Elle y demeurait l’été surtout, car sa maman n’aurait pas pu y vivre à l’année longue. Sa Kukum adorée lui racontait l’histoire de son peuple le soir assises toutes les deux près du feu dans la maison longue.

Elle aimait l’entendre raconter l’histoire de la création du monde, du crapaud courageux tout moche et visqueux, mais qui a sauvé la tortue, dont la carapace a servi base à la création du monde tandis que la loutre s’est fait dérivée jusqu’à la Seine et que le castor s’est perdu vers le nord à la recherche de la neige.

Sa grand-mère lui disait aussi que les 3 sœurs étaient importantes : Comment, tu as des sœurs que je ne connais pas ! Tes tantes sont précieuses pour moi, mais je te parle des 3 sœurs qui poussent ensemble : La courge, le haricot et le maïs.

¨Elles ont besoin de chacune d’elles pour pousser. Elles nous nourrissent si généreusement. La courge reçoit l’ombre du haricot et le haricot grimpe sur la tige du maïs.

Granny repense aux bons et merveilleux moments avec sa grand-mère, elle aussi prendra Brigitte près d’elle et lui racontera l’histoire de son peuple sans lâcher le bâton de parole.

Brigitte ainsi sera fière de son ascendance, quant au musée des Confluences à Lyon, l’exposition ‘’le peuple Wendat toujours vivant ‘’arrivera en Avril 2023.

Granny fera le voyage. Comme toujours, elle oubliera son imperméable à l’aéroport, Lyon n’est pas dans le désert. Mais pas son livre de contes et légendes Wendat que son père Grand Pied Plat lui a transmis et qu’elle remettra à Brigitte un jour.

Voici mon petit texte créé dans le cadre de l’Atelier de Corinne le 7décembre 2023, inspiré d’une visite fait par mon mari Martin et moi en novembre 2022 au village de WENDAKÉ dans la banlieue de Québec (Québec, Canada) et des nombreuses références dont   je me suis inspirée en écoutant les textes si touchants et merveilleux des autres participantes à l’atelier de Corinne, toutes si talentueuses.

                      Heureux temps des fêtes

            Joyeux Noël et Tous mes meilleurs vœux pour 2023 avec de beaux moments de créativité et de partage des émotions qu’apportent les mots.

Christine

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