Depuis le début du confinement, le journal intime a retrouvé sa place sur nos bureaux. Beaucoup d’articles ont été publiés sur les bienfaits de cette écriture spontanée. Aujourd’hui, je vous propose d’aller dans l’univers d’Annie Ernaux avec son « Journal du dehors » et de rejoindre « des gens qu’on croise juste une fois, dont l’existence nous traverse en déclenchant du trouble, de la colère ou de la douleur »… je rajouterai de l’admiration, du rire… oui les pointes de positif sont les bienvenues ! Voici deux extraits : Chez le boucher : « Lenteur du choix, la cliente promène son regard sur les morceaux de viande exposés sur l’étalage réfrigéré, « je voudrais une belle tranche de faux-filet », demande conseil, « ça va pour deux personnes ? ». Voix traînante, presque rêveuse des femmes pour dire « je prendrai deux escalopes de veau » – poème de la vie domestique se récitant avec satisfaction, agrémenté de détails descriptifs, « un rôti de porc, pour faire à la casserole ». Perfection d’un échange : le boucher qui empile les paquets de viande emballés dans le papier à son nom est content de l’hommage visible rendu à la bonne qualité de ses produits, de l’argent qui entre – la cliente, de manifester son statut social par l’énumération et l’exhibition de ce qu’elle consomme, sa fonction nourricière avertie« . Dans le train : « Il est monté à Achères-Ville, vingt, vingt-cinq ans. Il s’est installé sur deux places, les jambes en biais, allongées. Il sort de se poche une pince à ongles et s’en sert, regardant après chaque doigt traité la beauté produite, en étendant sa main devant lui. Les voyageurs autour font mine de ne pas voir. Il semble posséder une pince à ongles pour la première fois. Heureux avec insolence. Personne ne peut rien contre son bonheur de – comme signifie l’air des gens autour – mal-éduqué.« A vous de réaliser votre « poème de la vie domestique agrémenté de détails descriptif » : observez de votre fenêtre, lors de vos rares sorties une personne que vous allez croiser qu’une seule fois… et racontez, qui est-ce ? que fait-elle qui vous intrigue, met en colère, fait sourire… ? Ou remémorez-vous une situation ou inventez. Belle rencontre !
Haïku : le poème le plus court
Je vous emmène dans l’univers des haïkus, ces petits poèmes : 17 syllabes en tout, sur trois vers (5/7/5 syllabes).Ce format peut bien sûr être arrangée selon votre inspiration. Le haïku est un poème de l’instant sur la nature, la saison. Il permet un réel recentrage. Je trouve que c’est un bel outil en ce temps de confinement. Pour exemple, en voici un très célèbre de Bashô, poète japonais :Ah ! le vieil étang ! une grenouille y plonge – le bruit de l’eau A noter que la grenouille symbolise le printemps. Lister les animaux, fleurs, légumes qui symbolisent le printemps. Mettez les au centre de votre haïkus. Un autre de Kusatao qui met en lien l’infini et le minuscule : Sur la pointe d’une herbe devant l’infini du ciel une fourmi Qu’y a-t-il de minuscule autour de vous devant l’infini du ciel ? Tentez d’en réaliser en gardant le 2ème vers. Et un dernier avec de l’humour, selon Buson :Sur l’image sainteelle lâche une fientel’hirondelle Et voila pour finir, à vous de glisser votre pointe d’humour. Pour démarrer, vous pouvez commencer par vous mettre dans un coin au calme, à la fenêtre, dans votre chambre, sur le balcon, pour les chanceux dans votre jardin… et vous noter tout ce que vous voyez, entendez, sentez, ressentez. Ensuite vous choisissez un élément relevé et le transcrivez en haïku. Pour aller plus loin, voici une petite vidéo très claire : https://www.youtube.com/watch?v=cPfVRUJL01A Belle création et au plaisir de les lire dans les commentaires de cette page. En voici quelques uns réalisés par l’atelier du samedi : Un oiseau chante Devant l infini du ciel Je danse Bruissements de viesDevant l’infini du cielInvisibles voisins !
Dans ma cuisine
Notre environnement est réduit, notre cuisine devient un lieu très très familier. Voici un extrait de « On est les gens » de Sophie G.Lucas : Cuisine On n’ouvre pas le journal ni les lettres de rappel ça reste plié sur la table sous des tracts publicitaires on grille quelques cigarettes on ne fait rien les yeux sur des noeuds on écoute le bois travailler on sent le poids de la neige sur le toit. Et vous, que faite-vous dans votre cuisine ou ne faites-vous pas ? Que voyez-vous ? Que sentez-vous ? Que ressentez-vous ? Gardez deux vers séparés du texte de Sophie G.Lucas pour votre agrémenter votre propre texte. Belle écriture.
Ecriture solidaire
J’anime depuis 8 ans un atelier d’écriture bi-mensuel en EHPAD, pour certains résidents c’était la seule activité à laquelle ils souhaitaient participer. Avec l’animatrice sur le terrain, je transmets un texte hebdomadaire avec une proposition d’écriture mais elle me demande un soutien pour l’ensemble du personnel et pour les autres résidents. Voici son message : « Serait-il possible que tu écrives ou dessines ou ton entourage afin de soutenir les résidents dans cette coupure avec l’extérieur et également soutenir les soignants qui accompagnent au quotidien afin que je leur transmette des messages d’encouragements et de bienveillance. » Si vous avez envie de participer à cette chaîne de solidarité, réaliser un dessin, un petit texte, laissez parler votre coeur et adressez-le à Marion Besnard animation.villadazon@korian.fr. Merci pour eux. Bon courage à tous, prenez soin de vous.
De ma fenêtre
Raymond Bozier dans « Fenêtres sur le monde » Fayard 2004 propose trente-sept fenêtres, chacune liée à une expérience de vie. En voici un extrait : « Impresses »*les parfums des saisonsles papillons de nuitla mauvaise haleine des villesles relents de campagne et de pelouse fraîchement tondueles bruissements de feuillage d’un arbre prochela chute lente et miraculeuse de la neigele claquement d’un voletle martèlement de la pluie sur les carreauxles voix des passantsle va-et-vient assommant des voituresles lumières changeantes du jourl’éclairage artificiel des nuits urbainesla lune et les nuages emportés par le ventla prolifération du vide autour du crâneles façadesle besoin d’épier ses semblablesles reflets intérieurs des postes de télévision le soirla lumière orange des lampadaires au sodiumle goudron des rues, les bordures en ciment des trottoirs pp. 22-23. * Terme de philosophie. Espèces impresses, celles qui sont imprimées dans nos sens, qui laissent trace dans notre mémoire. Dans cette expérience de vie inédite actuelle, écrivez de votre fenêtre comme Colette le décrit si souvent. Et vous que voyez-vous de votre fenêtre ? Qu’entendez-vous ? Que sentez- vous ? Que ressentez-vous ? Activez tous les sens en éveil pour décrire, zoomez, dézoomez, levez-vous…. Si votre fenêtre ne vous inspire pas, si vous avez envie d’évasion, vous pouvez aussi en choisir une autre, voici une sélection sur Pixabay. Belle écriture.
A la maison
Nous y sommes à la maison, dans l’appartement. Et si nous la ou le dessinions comme nous le propose l’Inventoire ? https://www.inventoire.com/le-temps-des-maisons-semaine-1-2eme-texte/
Ecrire en confinement
Le virtuel nous permet de garder le lien en cette période de confinement et de printemps des poètes sur le thème du COURAGE ! Prémonitoire… Voici un poème de l’anthologie « Nous, avec le courage comme seul courage » 84 poètes d’aujourd’hui chez Le Castor Astral. J’emmène mon cheval avec moiquand arrivent les nuits noires,on s’en va regardertourner les éoliennes,les manèges, les planètesavec une provision de pépinssous les sabots(à planter si possiblejuste derrière l’horizon)alors si on réussità avoir tous les deuxle courage du coquelicot,on aura encore des forcespour les jours à venir. Albane Gellé Régulièrement, je vous proposerai des petites pistes d’écriture à partager ou pas dans les commentaires, chacun est libre… vous le savez c’est une des clés de l’atelier ! Alors aujourd’hui, listez ce que vous regardez pour avoir le courage des coquelicots ! Belle journée.
Ecrire à la librairie
Merci aux libraires de nous confier les clés pour écrire en toute tranquillité dans ce temple de livres pendant la pause du repas. Je vous attends pour tenter cette nouvelle aventure.
Conférence-atelier
Avec Amandine Waxin, psychogénéalogiste, nous co-organisons une conférence-atelier présentant nos deux champs d’activités complémentaires. Après une première édition en janvier au Repaire Montboulon à Saint-Georges-Sur-Baulche, nous avons le plaisir de la programmer à Sens le mercredi 08 avril de 18h30 à 21h00 au 18 quai Schweitzer à Sens (La couleur des mots). Elle s’intitule : Du journal intime au journal créatif, De la psychogénéalogie au récit de vie. Quatre approches pour se raconter, en intimité, en groupe, accompagné… Après l’exposé de chacune de ces approches, vous aurez la possibilité d’expérimenter, d’où l’intitulé d’atelier. Merci de vous inscrire : corinne.mazuir@free.fr
Le jeu du cadavre-exquis : vous connaissez ?
Pour démarrer un atelier d’écriture, ce jeu inventé par le mouvement surréaliste des OULIPO est souvent utilisé. C’est une écriture à plusieurs mains sans savoir ce qui a été écrit avant. Lors de l’émission « Le petit quotidien », la démonstration a été faite en direct. Si vous voulez un moment de détente, regardez !